Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Slate.fr
French Lives Matter, quand les identitaires s’inspirent de Black Lives Matter
Article mis en ligne le 21 août 2020

« Ensauvagement », « racaille », « racisme anti-Blancs »… Sur Twitter, French Lives Matter ressasse inlassablement les mêmes thèmes. Ces derniers jours, le collectif d’extrême droite tweete frénétiquement et quasi quotidiennement des articles recensant des agressions ou des meurtres commis en France. Mais pas n’importe lesquels. Leur point commun ? Les noms des auteurs de ces méfaits sont le plus souvent d’origine étrangère. (...)

De toute façon, si le nom d’un contrevenant n’est pas connu, French Lives Matter ne s’embarrasse pas de nuances, même si la mouvance ne désigne jamais explicitement sa cible : « Une #Racaille prend la fuite après avoir percuté un enfant de 3 ans avec son quad. #OnVeutLesNoms même si ce sera probablement sans surprise », « Y-a-t-il vraiment besoin de demander les noms pour comprendre ? ».
De plus en plus actif sur le réseau social, le collectif French Lives Matter, né en 2018, enregistre plus de 10.000 abonné·es, alors qu’il n’en comptait que 3.800 en avril dernier.
Parmi cet auditoire, quelques figures de l’extrême droite pointent le bout de leur nez, comme Jean Messiha et Bruno Gollnisch, deux cadres du Rassemblement national, ou Jean-Yves Le Gallou, un ancien membre du Front national reconverti dans la « réinformation ». À y regarder de plus près, les liens entre RN et French Lives Matter ne s’arrêtent d’ailleurs pas là.

Contre-offensive

Damien Rieu est l’un des rares initiateurs de ce projet à avoir publiquement reconnu en faire partie. L’assistant parlementaire de Philippe Olivier, député européen RN, est une figure incontournable de l’extrême droite. Il ne cache pas que « FLM » est avant tout une contre-offensive.
(...)

Face à la montée en France de Black Lives Matter, son pendant d’extrême droite tente d’imposer son propre agenda. L’objectif politique du collectif est, en partie, affiché sur son site : « Si les “bavures policières” ou les “actes islamophobes” sont comptabilisés, sur-médiatisés et intensément exploités, personne ne s’intéresse aux victimes françaises ou plus largement n’appartenant à aucune minorité. »
Pour donner un écho à son combat, le mouvement essaie de propager l’utilisation du hashtag #FrenchLivesMatter, que l’on retrouve dans sa bannière Twitter … et celle du député Joachim Son-Forget. L’ancien député LREM, connu pour ses frasques, affiche depuis quelques jours la même bannière que les identitaires, malgré les reproches de nombre d’internautes à ce sujet.
(...)

Dans le but probable de s’éviter des polémiques et d’avancer masqué, le collectif joue, comme il le fait sur Twitter, avec les sous-entendus.
À la lecture de la carte, la définition de « Français » se restreint très rapidement à la couleur de peau. Pour une grande majorité des homicides compilés, la victime est le plus souvent non racisée, à l’inverse de l’auteur du crime.
(...)

FLM sélectionne ses victimes et ses homicides. Petit test : nous avons tenté de rajouter le meurtre de Said El Barkaoui, Français d’origine marocaine, par son voisin sexagénaire, mis en examen pour « tentative d’assassinat avec motivation raciste » en 2018. Sans succès. Toutes les vies françaises ne semblent pas trouver leur place sur cette carte.

Produits dérivés

Miroir identitaire des militant·es antiracistes, le collectif n’hésite pourtant pas à copier son adversaire idéologique. Des tenants du racisme systémique commercialisent des t-shirt BLM ? Damien Rieu et les siens font de même.
(...)

Si FLM dénonce les manquements à la loi, le collectif n’hésite pas à s’affranchir de ses obligations et n’œuvre pas toujours dans la légalité. Alors qu’il est obligatoire d’en faire état, la forme juridique de la société, son adresse, le directeur de la publication et le montant de son capital social ne figurent pas dans les mentions obligatoires.

Signé Fdesouche

À coup de retweets, Damien Rieu profite de la notoriété de French Lives Matter pour assurer sa visibilité, et vice versa.
(...)

Sur Twitter, des internautes suspectent que l’argent dégagé par la boutique ne sert qu’à remplir les poches de ses créateurs, et pourquoi pas à payer une partie de leurs frais de justice. C’est en tout cas ce que laisse penser un tweet de Damien Rieu.
À la suite d’une condamnation à six mois de prison ferme et 2.000 euros d’amende, dont il a fait appel, la coqueluche de l’extrême droite n’avait pas caché ses intentions : « Ceux qui veulent m’apporter leur aide peuvent le faire en soutenant le projet @FrenchLivesM sur tipeee.com. »
Financer une amende avec des dons étant illégal, la cagnotte Tipeee a depuis été supprimée. Pas le compte PayPal de Damien Rieu, toujours affiché sur son profil Twitter, sous un nom laissant peu de place au doute quant à un éventuel mélange des genres : DamienrieuFLM.