
Suez, Véolia et la Banque Mondiale ont rendez-vous cette semaine à Marseille pour un Forum mondial de l’eau. Leur objectif : tirer davantage profit de la crise mondiale de l’eau, et des privatisations engagées depuis des décennies. Une dynamique qui commence à prendre l’eau, grâce à l’action de ceux qui se battent pour la reconquête de ce bien commun de l’humanité. (...)
Imaginez donc un Forum International pour la Paix dirigé et animé par les multinationales de l’armement qui dicteraient leurs résolutions aux États et institutions de l’ONU ! Impossible ? Non ! Véolia et Suez l’ont fait pour l’eau, s’arrogeant, avec le soutien des États, l’espace international de négociations autour de l’eau ! Et cela dure depuis 15 ans. (...)
L’édifice prend l’eau, car sous les coups de boutoir de mouvements, de personnalités et de quelques États, l’ONU a été replacée au centre du jeu. En juillet 2010, suite à l’exigence de la Bolivie, l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté une résolution reconnaissant le droit à l’eau et à l’assainissement. L’exigence des mouvements aujourd’hui est que sa mise en œuvre progressive soit faite par l’ONU. Pour cela, un nombre important d’associations et organisations de la société civile réclame que l’ONU organise un forum mondial sur l’eau en octobre 2014, hors du lobbying des multinationales. (...)
L’édifice prend l’eau, car après Buenos Aires et Atlanta, ce sont Munich, Berlin et Paris – sans compter les milliers de communes dans le monde – qui sont revenus à une gestion publique de l’eau. Tendance confortée par la victoire du « Non » en Italie, lors d’un référendum d’initiative populaire sur question de la privatisation de l’eau, en juin 2011. Partout sur la planète, des luttes pour la préservation de l’eau, pour l’accès à l’eau potable de qualité et contre la mainmise d’intérêts privés sur une ressource essentielle à la vie, changent la donne. (...)
L’édifice prend l’eau, enfin, parce que la légitimité du FME sera remise en cause par le Forum alternatif Mondial de l’Eau (FAME) qui se tiendra en parallèle à Marseille du 14 au 17 mars. Organisé par des mouvements de la société civile de très nombreux pays, et sans aucun soutien du gouvernement français, le FAME s’oppose au « « processus de mondialisation capitaliste des services de l’eau et de l’assainissement ». (...)
Que dégagent donc Véolia, Suez et consorts ! Puisse l’eau, bien commun de l’humanité, s’extraire un peu plus des mailles serrées des filets des multinationales. Pour que Marseille ne résonne plus comme la capitale de la privatisation de l’eau, mais comme celle d’une étape essentielle de sa déprivatisation.