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Fonds vautours et institutions européennes s’attaquent à nos logements
Article mis en ligne le 20 novembre 2019
dernière modification le 19 novembre 2019

Face au constat alarmant de la situation du logement dans différentes villes européennes comme Amsterdam ou Berlin, il nous a semblé nécessaire d’organiser un espace commun de discussion pour approfondir nos réflexions sur les acteurs de la finance qui impactent de plus en plus nos possibilités d’habiter _ les fonds vautours _ et sur les pistes d’actions communes à envisager.

Depuis quelques années, les fonds vautour augmentent leurs investissements dans le logement avec l’aide des institutions européennes, et de la BCE en particulier, et deviennent propriétaires de parcs conséquents comptant parfois plusieurs milliers de logements. Une des méthodes pour acquérir ces logements, est le rachat de prêts hypothécaires toxiques détenus par les banques à des prix très bas. Malgré des recapitalisations massives, le bilan des banques étant toujours alarmant, elles se débarrassent de leurs prêts non-performants (non-performing loans – NPL) en les vendant massivement à ces fonds. Cela n’est rien d’autre que la démonstration de ce que nous disons depuis longtemps : la recapitalisation des banques a eu un double impact sur la population, par en haut puisqu’elle les a payés de sa poche, et par en bas puisque les fonds vautour, qui ont finalement tiré profit de l’échec des recapitalisations, lui demandent des restes. En effet, l’activité des fonds vautours dans le secteur du logement n’a d’autre conséquence que l’augmentation brutale du coût de la vie. C’est à la population de payer pour cet échec, encore une fois…

Mais le rachat de prêts toxiques n’est pas le seul moyen par lequel les fonds vautour s’accaparent de stocks immenses de logement. Ils agissent également comme des acquéreurs traditionnels à des échelles qui leur permettent de réduire le prix à l’unité. Ils procèdent ensuite à ce qu’on appelle en anglais les « renovictions », les rénovations qui mènent à des expulsions, c’est-à-dire qu’ils utilisent des prétextes tels que l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments, pour rénover et augmenter les prix des loyers. Aussi, comme c’est le cas en Espagne actuellement, ils achètent de grands stocks pour les revendre par après en petites unités et faire de juteux profits. Cela engendre des gentrifications violentes car rapides et importantes.

Des fonds vautours comme Blackstone, Apollo ou encore Vonovia, pour n’en citer que quelques-uns, deviennent ainsi des grands propriétaires et gèrent des parcs de logement comptant des milliers d’unités. Dans certaines villes, ils détiennent plus de logement que le public. Cela pose de graves problèmes (...)

Même si les situations d’endettement sont variables d’un pays européen à un autre, les différentes présentations ont mis en lumière l’existence d’une (nouvelle) bulle immobilière – locative et acquisitive - liée au marché des dettes privées, comme ce fut le cas avant la crise de 2008. Les institutions de crédit jouent un rôle essentiel, que ce soit parce qu’elles octroient massivement des prêts hypothécaires, ou parce qu’elles les revendent à des fonds spéculatifs.

Nos revendications sont multiples mais claires. Nous voulons que le droit au logement devienne une priorité absolue pour les pouvoirs publics. Nous voulons dénoncer l’activités des acteurs de la finance, des banques et autres fonds d’investissement, sensibiliser la population sur ces questions essentielles, et dénoncer la participation de l’Union européenne et de ses institutions au processus de financiarisation du logement. Nous désirons également souligner la responsabilité des législations européennes qui ferment toute possibilité d’une amélioration de la situation : le logement social se réduit à peau de chagrin, le territoire se privatise, les habitations sont de plus en plus accessibles aux touristes et de moins en moins aux habitant.e.s. Cela doit cesser, c’est d’un combat territorial dont il est question et il découle des abus du système bancaire que le CADTM dénonce depuis des années.

Nous avons soulevé la nécessité de proposer des alternatives. Une des pistes apportées par le CADTM et d’autres participant.e.s, était celle de la socialisation du logement. Nous nous sommes inspiré.e.s des mouvements de luttes à Berlin qui portent déjà cet appel. Le CADTM a développé depuis longtemps la revendication de socialiser les banques. Et si ces deux projets pouvaient être pensés en parallèle ? (...)

Le 28 mars, différentes actions pour le droit au logement auront lieu dans de nombreuses villes européennes. On s’y prépare.