
Bravant l’interdiction, les amendes et les descentes de police, quelques librairies restent ouvertes. Plusieurs personnalités du milieu littéraire et éditorial, qui les soutiennent, vont jusqu’à appeler la profession à un « grand soir ».
Il aura suffi, samedi matin, à 8 heures 38 exactement sur Europe 1, de dix petites minutes d’un entretien bien senti au cours de « L’Interview politique » pour relancer de plus belle la machine à protester. Ce matin-là Alexandre Jardin, écrivain proche des « gens » et inventeur du réseau « Lire et faire lire », se trouvait dans le studio aux côtés d’Olivier Nora, P.D-G. des éditions Grasset, pour exposer leur total désaccord vis-à-vis de la politique gouvernementale. Et pas par l’une de ces protestations policées où l’invité a l’air de passer le chiffon sur ses mots en même temps qu’il ose une critique envers plus puissant que lui, mais bel et bien par un véhément et très clair rejet du sort réservé aux libraires de ce pays.
Contrainte de baisser le rideau quand le maître-chocolatier ou le caviste au coin de sa rue reste ouvert, la profession est depuis deux semaines tributaire d’un pauvre click-and-collect (cliquer-et-emporter) qui couvre à peine les loyers. « Aucun Etat n’a le droit moral de fermer des librairies », a dit un Alexandre Jardin très remonté. Plus calme, Olivier Nora n’en a pas moins déploré l’absurdité consistant à exiger que les livres des grandes surfaces soient mis sous bâches pour mettre la grande distribution à égalité avec la librairie, quand on aurait pu faire l’inverse et autoriser les libraires à vendre des livres tout comme en grande surface – (...)