
La Belgique et la France avaient déjà sauvé Dexia en octobre 2008 et en octobre 2011. Les deux Etats actionnaires s’apprêtent à y aller d’une nouvelle rallonge de 5 à 7 milliards, le groupe ne disposant plus d’assez de capital pour fonctionner normalement. Est-ce bien normal ? Est-ce bien raisonnable ?
« Non, il faut mettre Dexia en faillite » Eric Toussaint, Président du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM) (...)
Eric Toussaint : Dexia, société holding, n’est plus une banque en tant que telle : il n’y a pas de dépôts d’épargnants. Sa faillite ne provoquera donc pas de déboires pour des épargnants. La faillite implique de reconnaître que cette société est ce qu’elle est, à savoir une « bad bank » qui est en train de vendre tous ses actifs valables – elle vient de vendre ses filiales en Turquie, au Luxembourg. Il faut savoir que le Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, avec Attac, a déposé une requête en annulation des garanties d’État – le dossier est toujours en cours devant le Conseil d’État. Dans la réponse que nous ont opposée les avocats de Dexia, ceux-ci nous disent que Dexia avait une dette immédiatement exigible le 31 décembre 2011 de 411 milliards et des produits structurés pour une somme un peu supérieure. Les montants qui sont dus par Dexia et les montants qui sont dans son bilan en termes de produits toxiques représentent une somme tellement considérable que Dexia ne pourra pas y faire face. Il est plus que probable – on n’a jamais de certitudes là-dessus– qu’elle n’arrivera pas à ne pas demander l’activation des garanties que lui octroient la Belgique et la France. Il n’y a donc aucune raison pour les pouvoirs publics de maintenir en vie une telle institution de « défaisance ». (...)
Dexia était une institution dont des pouvoirs publics étaient actionnaires – le holding communal, l’État belge, les entités fédérées, l’Etat français, et d’autres actionnaires comme le groupe belge Arco – et en refusant la faillite, on évite que les administrateurs désignés par les actionnaires soient obligés de rendre des comptes. Maintenir une société en vie, dans ce cas-là, permet à une série d’administrateurs importants de quitter la scène tranquillement, sans devoir s’expliquer sur leur gestion. (...)
La deuxième raison, c’est qu’il y a des autorités en Belgique qui étaient chargées de contrôler Dexia, comme toutes les institutions bancaires.
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