
La principale leçon de ces élections est que, en tout cas dans l’état des forces politiques, les français-es ne croient plus du tout, dans leur immense majorité, à la possibilité d’une politique de gauche. A la présidentielle, en votant ou en s’abstenant, ils ont manifesté leur colère non seulement contre les sortants, mais contre tout un système politique dépassé. Ils ont battu les leaders en place, fait sauter le système partisan et contraint les libéraux de droite et de gauche à une recomposition en catastrophe autour d’un président de la République qui n’a pas obtenu le quart des suffrages exprimés. Avec le score de Marine Le Pen, l’extrême droite a montré qu’elle est toujours menaçante. Le fait nouveau est que, pour la première fois depuis des décennies, et alors que le PS s’effondre, une candidature bien à gauche, celle de JL. Mélenchon, a fait jeu quasi égal avec la droite, le centre d’E. Macron et le Front national.
Devenues une élection accessoire depuis l’instauration du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, les législatives ont confirmé le diagnostic de résignation avancée qui mine notre vie politique. Plus de 50% des électrices et des électeurs – record absolu – se sont abstenu-e-s. La disqualification des partis traditionnels a été violemment confirmée. Le score du Front national a fortement baissé, notamment en raison de la très forte abstention qui touche les couches populaires et signe leur désintérêt à l’égard de ce scrutin. Baisse également pour la France insoumise, atteinte elle aussi par une forte abstention populaire que la perspective d’une victoire possible de Jean-Luc Mélenchon avait réussi à limiter. Elle subit de surcroit les conséquences des divisions, mais progresse cependant nettement par rapport au résultat du Front de gauche en 2012. Grâce au système électoral, E. Macron dispose d’une majorité absolue massive à l’Assemblée nationale et aura les mains libres. Mais il n’aura été élu que par environ 15% du corps électoral. Parmi eux, beaucoup de femmes et d’hommes désorientés et anxieux, qui ne voient aucune alternative possible, ont fait le choix du camp apparemment le plus « modéré ».
Les politiques ultralibérales vont donc s’aggraver. Mais le rapprochement de la gauche et de la droite, désormais consommé, va finir de dissiper l’illusion de possibles « alternances ». L’heure approche d’une alternative nécessaire et inévitable. (...)
Faut-il un parti, un mouvement ? Au delà des mots, il faut en tout cas être capable de s’organiser pour éviter à la fois un émiettement et une concurrence nocives, notamment au moment des élections où présenter des projets et des candidatures dispersés conduit fatalement à l’échec. (...)
D’une manière ou d’une autre, il faut donc inventer, dans notre société socialement et politiquement diverse, les moyens de construire la force politique commune dans lequel tous les courants partisans des nécessaires ruptures économiques, écologiques et institutionnelles (insoumis, communiste, socialiste, écologiste, libertaire, féministes, altermondialistes, etc.) pourront trouver leur place, et susceptible ainsi d’être le ciment d’un rassemblement majoritaire.