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Basta !
Face au traité de libre-échange, des Italiens rêvent d’économie solidaire et de commerce équitable
Article mis en ligne le 6 juillet 2014
dernière modification le 4 juillet 2014

Négocié dans l’opacité, le projet d’accord commercial entre l’Union Européenne et les États-Unis inquiète. Pour mieux comprendre les enjeux, Basta ! ouvre ses colonnes aux représentants de la société civile. Après l’Allemagne, les États-Unis, la France et les Pays-Bas, voici une tribune venue d’Italie, où la mobilisation prend de l’ampleur alors que l’Italie prend la présidence de l’Union européenne

(...) « Cher Obama, nous allons utiliser l’opportunité offerte par la présidence italienne de l’Union européenne à partir de juillet 2014, pour accélérer les libéralisations et privatisations proposées dans le cadre du TTIP (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, aussi appelé Tafta, ndlr), miraculeux remèdes pour se relever de notre crise profonde ». Point. Signature de haut rang sur Twitter : Le formidable Premier ministre italien Matteo Renzi. Voilà le message sans ambiguïté envoyé par le gouvernement italien aux classes dirigeantes américaines à l’occasion du récent séjour d’Obama en Europe.
Une manière de faire que notre pays connait bien : arguer du besoin d’une « thérapie de choc » économique pour favoriser les intérêts des entreprises privées, pourtant l’un des facteurs principaux de la crise sociale, environnementale, économique mais également institutionnelle, qui affecte l’Europe – et notre pays plus particulièrement – depuis des années. C’est une stratégie de communication perverse mais efficace que « le Premier ministre le plus adepte des réseaux sociaux en Europe » souhaite exporter vers le reste du continent. Et c’est la même politique que ses prédécesseurs, de Berlusconi à Monti, sans aucune distinction, avaient eux aussi imposée. Sans tenir compte des impacts sociaux et environnementaux qu’elle pouvait avoir sur le pays. (...)

Lever le voile sur le TTIP
Les mouvements sociaux en Italie sont fluides mais très divers et résilients : apparus au moment du Sommet de Seattle, et malgré une dure répression au moment du G8 de Genève en 2001, nous nous sommes battus et nous sommes parvenus à créer des réseaux, des connexions, à mener des campagnes et des actions massives débouchant sur des résultats concrets : mobilisations pour la paix, le premier Forum social européen dans le cadre du Forum social mondial [à Florence en 2002, Ndlr], campagnes pour le développement de l’économie solidaire en lien avec des organisations de consommateurs critiques, campagne contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les Accords de partenariats économiques, les OGM, le changement climatique, la privatisation des services publics, et – dernier point, mais non des moindres – le succès du référendum d’initiative citoyenne affirmant le droit à l’eau pour tous en tant que bien public.
Aujourd’hui, environ 70 associations, groupes communautaires, ONG, syndicats, organisations environnementales, de commerce équitable et de consommateurs, avec l’aide de certains partis, luttent ensemble pour lever le voile sur le TTIP auprès de l’opinion publique italienne et obtenir son abandon, dans la solidarité et aux côtés d’autres organisations et mouvements européens et américains (...)

L’Europe dont nous rêvons
Une économie de petite échelle, fragile mais résistante, ancrée dans le social et respectueuse de l’environnement, est une réalité en Italie. Elle constitue la seule source de travail et de nourriture pour les personnes exclues ou précarisées, mais aussi pour une partie des classes moyennes qui subsistent encore dans le pays, malgré les efforts de nos élites ces dernières années pour les sacrifier aux intérêts privés. Usines récupérées par leurs ouvriers et transformées en entreprises sociales durables ; projets des réseaux paysans et marchés ruraux et urbains assurant des débouchés à des milliers de petits producteurs ; une agriculture biologique qui conquiert tous les ans de plus en plus de surfaces et de parts de marché malgré la crise ; occupation et redéveloppement de parcelles de terrains et d’espaces abandonnés et dégradés dans les villes, qui deviennent des lieux de production de biens, mais aussi de savoirs, de culture, de services pour une nouvelle économie sociale communautaire.
C’est aussi cela l’Italie et l’Europe dont nous rêvons, et pour lesquelles nous luttons au quotidien. Une société où les individus, l’environnement et les droits sont au cœur de valeurs partagées. Où l’économie est un outil et non une fin en soi.
C’est cette Italie que le TTIP menace d’enterrer (...)