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Reporterre
Face à la marée de plastique dans les océans, les parades se préparent
Article mis en ligne le 7 décembre 2016
dernière modification le 2 décembre 2016

Les océans étouffent sous les détritus de plastique. Heureusement, la prise de conscience se fait au sein de la société civile, en attendant celle des États. Entre projets futuristes pour débarrasser les eaux des déchets accumulés et mesures terrestres pour éviter que le plastique ne finisse à la baille, Reporterre fait le tour des initiatives.

Résumons la situation : les océans représentent plus de 70 % de la surface de notre planète. Chaque minute, l’équivalent d’un camion poubelle y est déversé. Si rien ne change, les eaux du monde contiendront plus de plastiques que de poissons d’ici à 2050. La pollution est bien visible. Certains parlent même de nouveaux continents de plastique formés au niveau des gyres océaniques, ces immenses siphons générés par les courants marins. La pollution est aussi invisible : une fois dans l’eau, le plastique se dégrade en micro puis en nanoparticules capables de pénétrer les plus infimes organismes vivants, jusqu’aux cellules de plancton.

Que faire ? Si le constat semble décourageant, la mobilisation pour trouver des solutions grandit. Quand les uns conçoivent des machines gigantesques pour nettoyer les mers, les autres en appellent aux citoyens ou au lobbying auprès des industriels et des politiques. Au lendemain de la COP22, Reporterre porte la voix de ces initiatives. (...)

Prôner le principe de « l’économie circulaire »

De retour de cette COP22, tous s’accordent sur un point positif : les associations, les ONG et même les multinationales sont de plus en plus nombreuses à prôner le principe de « l’économie circulaire » et à faire le lien entre les mers de plastique et le réchauffement climatique. Le directeur d’Expédition Med insiste, toute raison gardée, sur les débuts d’une prise de conscience de groupes comme Danone, Veolia ou Suez, présents à Marrakech : « De toute façon, on est obligé de faire avec ces groupes. Ils raisonnent, bien sûr, en termes de profit, mais ils se rendent compte qu’un engagement citoyen de plus en plus fort est en train de naître. Pour s’adapter, ils trouvent enfin un intérêt à réagir. »

Les recommandations de plus de 60 structures réunies à la COP22 suivent deux axes principaux. Il faut, d’une part, récupérer les résidus qu’il est encore possible de récupérer en mer, les retraiter pour en évacuer les perturbateurs endocriniens tout en s’assurant que ce ramassage du plastique est en accord avec le reste des enjeux écologiques et que son retraitement s’effectue localement. Et il faut, dans le même temps, tarir le gisement de déchets grâce au passage du jetable au durable, grâce à des mesures de fiscalité contraignantes et encourageantes pour les entreprises, en insistant sur la réduction des déchets à la source.

Qu’a pensé l’État français de ces initiatives pendant la COP22 ? Le directeur de Green Cross raconte : « J’ai pu discuter avec Ségolène Royal, et elle s’exprime beaucoup pour dire qu’il faut faire quelque chose, qu’il faut lancer un débat sur les océans au sein du gouvernement, mais, elle ne donne aucune orientation concrète. Et je formule les mêmes critiques vis-à-vis de l’Europe. » Au moins 80 % des déchets rejetés en mer viennent de la terre et en majorité des villes. C’est là qu’il faut agir, insiste-t-il. « Il y a entre 30 et 40 ans de consommation de déchets en plastique aujourd’hui dans les océans. Plus les États tarderont, plus cela leur coûtera cher d’agir. »