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Face à la dette en Europe, l’exigence de vérité s’amplifie
Article mis en ligne le 16 septembre 2015

Dénonçant une dette illégitime et illégale, quatre personnalités européennes exigent des mesures de transparence pour lever le chantage à l’austérité qui pèse sur les peuples.

Éric Toussaint

Coordinateur scientifique de la Commission pour la vérité sur la dette grecque

« La dette est un instrument historique de domination et d’extorsion massive des richesses. On peut presque parler de “système dette”. Les sociétés, devant l’esclavagisation par les dettes illégitimes, ont riposté  : de la tradition biblique du jubilé pour effacer les créances tous les sept ans aux grandes lois démocratiques de la Grèce antique, dans lesquelles Solon s’attaque à l’asservissement par la dette. Aujourd’hui, il y a un travail de pédagogie très important à réaliser afin d’identifier les causes réelles de la dette.

Le mythe en vogue d’une dette publique creusée par des dépenses sociales exagérées est à combattre absolument. La dette a considérablement augmenté du fait de la crise bancaire et du sauvetage des banques. Plus largement, ces vingt dernières années, l’élément clé de sa progression réside dans les politiques néolibérales de gouvernements qui ont sacrifié leurs recettes en attribuant massivement des cadeaux fiscaux aux plus fortunés et aux entreprises, sans oublier les taux d’intérêt élevés fixés par des banques privées qui ont le monopole du crédit. (...)

Marga Ferré, secrétaire 
aux programmes d’Izquierda Unida

«  Le débat sur la dette grecque est un faux débat. En Espagne, il existe un certain consensus social autour de cette idée. Sur le plan politique, nous avons démontré que la politique d’austérité en Europe, et singulièrement en Grèce, relève du chantage. Même le secteur conservateur du Parti populaire (droite au pouvoir) se garde de toute offensive sur ce thème.

À Izquierda Unida (IU), nous proposons un audit de la dette comme a pu le faire la Grèce. La ville de Madrid (à gauche depuis les dernières élections municipales de mai – NDLR) et son conseiller économique, membre d’IU, ont annoncé la création d’un tel audit. Cela a provoqué de très forts remous. (...)

Nicolas Sansu, député (PCF)

Aujourd’hui, la dette est un super-instrument de domination. C’est ce qui fait que l’on détruit le service public, que l’on met la pression sur les salariés, les retraités et les chômeurs parce que soi-disant il n’y aurait pas d’argent.

À l’origine, il y a les taux d’intérêt extrêmement importants servis dans les années 1985-1990, bien au-delà des taux d’intérêt réels. On estime de 300 à 400 milliards cet excès d’intérêts. En clair, certains se sont enrichis grâce à la dette. Ensuite, dans les années 2000 on a assisté au désarmement fiscal. (...)

Leonidas Vatikiotis, économiste grec de gauche et scénariste du film Debtocracy

« Le 18 juin dernier, un comité indépendant sur la dette grecque a été formé par la présidente du Parlement, Zoe Konstantopoulou. Ce document historique a prouvé que cette dette était non seulement illégitime mais aussi illégale et absolument non remboursable. Un comité de la vérité connu sous le nom de commission d’audit a donc prévenu que la dette ne pouvait et ne devait pas être remboursée.

Malheureusement, le gouvernement grec, sous la pression de la troïka, n’a pas su entendre les conclusions de cet audit et s’est résolu à signer un nouveau mémorandum annonçant une nouvelle vague de privatisation des biens publics grecs, dont beaucoup vont d’ores et déjà profiter au capital allemand.

Une cessation de paiement unilatérale à l’endroit des créditeurs internationaux (FMI, BCE, États européens, etc.), comme l’avait demandé ce comité, aurait dû être suivie. Les montants des sommes prêtées à la Grèce depuis 2010 ne sont jamais allés dans le budget grec, ni aux retraites ni aux hôpitaux. Au contraire, cet argent est allé aux structures fermées comme précondition à leur octroi. En vérité, cet argent soi-disant prêté est allé directement dans les coffres des banques grecques et étrangères
(...)