
Le candidat d’extrême-droite pouvait l’emporter à la présidentielle autrichienne. Mais c’est un écologiste qui a finalement gagné : Van Der Bellen est le premier chef d’Etat écologiste en Europe élu au suffrage universel.
Un écologiste comme rempart à l’extrême-droite. Au terme d’une élection à suspense, les Autrichiens ont élu lundi 23 mai à la présidence de la République l’ancien chef du parti vert, Alexander Van der Bellen, préféré sur le fil au candidat xénophobe Norbert Hofer : M. Van der Bellen a obtenu 50,3 % des voix contre 49,7 % à son adversaire. Ce dernier avait pourtant réuni 35 % des suffrages au premier tour, loin devant la concurrence, et il était donné gagnant dans de nombreux sondages d’entre-deux-tours.
Surnommé respectueusement par la presse et les militants “Herr Professor”, qualifié par son adversaire populiste de “candidat des milieux chics” ou de “fasciste vert”, le nouveau président autrichien a longtemps enseigné l’économie et la finance à l’université. Mais surtout, à 72 ans, il est l’une des figures majeures de l’écologie politique dans son pays. (...)
A la tête des Verts, les thèmes qu’il a portés sont, entre autres, la mise en oeuvre d’une réforme fiscale écologique, le développement des emplois verts, la lutte contre les OGM et le rejet de l’adhésion à l’OTAN. En guise d’héritage, M. Van der Bellen a laissé un parti qui co-dirige cinq des neuf Etats fédéraux : Salzbourg, le Tyrol, la Haute-Autriche, la Carinthie et Vienne.
Le programme du parti trouve un écho de plus en plus favorable auprès d’une population historiquement sensible aux thématiques environnementales : “L’Autriche a interdit l’énergie nucléaire par référendum il y a déjà des décennies (en 1978, ndlr), l’approvisionnement en énergie fonctionne en grande partie grâce aux centrales hydrauliques, explique à Reporterre le journaliste autrichien Philip Artelt. L’agriculture paysanne est plus importante que chez le voisin allemand, il y a bien moins de fermes-usines par exemple.” (...)
Lundi soir, ses partisans ont célébré les résultats avec soulagement dans les rues de Vienne. Pour autant, les écologistes ne doivent pas trop espérer de ce nouveau président, dont la fonction est avant tout symbolique et morale. Dans son discours de victoire, marqué par la sobriété et l’appel au dialogue entre les citoyens, pas un mot n’était d’ailleurs consacré à l’écologie.
Sur le plan économique, Van der Bellen est un libéral, mais opposé au TAFTA (...)