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Extinction Rebellion dénonce le BTP « climaticide » en bloquant une cimenterie
Article mis en ligne le 18 février 2020

Environ 400 activistes d’Extinction Rebellion ont bloqué, toute la journée du lundi 17 février, un dépôt logistique du secteur du BTP à Paris. Le but : dénoncer la pollution émise par ce domaine, et mettre en avant les solutions possibles, qui existent déjà à l’heure actuelle.

Ils sont arrivés un peu avant 8 heures du matin, en même temps que le lever du soleil. Environ 400 activistes, sortis de nulle part, ont soudainement envahi le dépôt Lafarge Granulat et l’usine Cemex, situés port Victor, dans le 15e arrondissement de Paris, ce lundi 17 février. Dans un premier temps confus, les militants se sont éparpillés en courant telles des fourmis le long des bords de Seine. Leur but : bloquer le site pendant plusieurs heures, pour dénoncer le secteur du BTP (bâtiment et travaux publics), responsable de 39 % des émissions mondiales de CO2.

« Où sont les membres des équipes 1 et 2 ? » crie un organisateur tandis qu’un autre tente désespérément de rassembler son groupe. Mais rapidement, une fois la cohue des premières minutes dissipée, chacun trouve son poste. Certains s’allongent sur le trottoir devant les entrées du site, d’autres s’emparent de bombes de peinture pour refaire une beauté aux camions de l’usine. Les plus agiles vont jusqu’à escalader les façades des bâtiments pour y accrocher différentes banderoles clamant « Cimentiers criminels » ou « Fin des écocides ». Impuissants, les employés du site les laissent faire, les observant avec un air (et parfois un sourire) stupéfait, et se repliant dans leurs bureaux. (...)

Lafarge, symbole de la catastrophe écologique et sociale

« Ce lieu est le symbole de la catastrophe écologique dont l’industrie de la construction et les pouvoirs publics se rendent responsables », lance au micro l’un des organisateurs, surnommé Tothoreau. Raphaël, un jeune homme qui participe pour la première fois à une action d’Extinction Rebellion précise : « Aujourd’hui, on bloque Lafarge parce que c’est un des plus grands cimentiers en France et une multinationale puissante. Mais Vinci ou Bouygues sont également responsables de beaucoup de projets, qui utilisent énormément de béton. » (...)

Et le béton, matériau artificiel composé d’eau, de graviers, de sable et de ciment est effectivement très polluant. Les activistes sont capables de réciter les chiffres : le sable est la deuxième ressource la plus utilisée de la planète (après l’eau). Pour construire un kilomètre de route, 30.000 tonnes de sable sont nécessaires, provoquant la détérioration des fonds marins et des écosystèmes qu’ils abritent. De plus, « la production du béton représente à lui seul 8 % des émissions de CO2 au niveau mondial. S’il était un pays, il serait le troisième plus gros pollueur au monde », rappellent plusieurs pancartes brandies par les militants. (...)

Outre son effet sur l’environnement, Extinction Rebellion dénonçait ce lundi 17 février l’incidence du secteur du BTP sur la démocratie et la justice sociale. (...)

Pire, l’entreprise française Lafarge est soupçonnée d’avoir financé plusieurs organisations terroristes, et le groupe français Vinci est accusé de travail forcé sur ses chantiers de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar. (...)

Les pancartes, slogans, performances artistiques (notamment un jet de peinture rouge sur les tas de sable, censé représenter le sang sur les mains des cimentiers) permettaient d’insister sur l’urgence écologique et sociale. Mais l’événement était également organisé dans l’optique d’imaginer un monde meilleur. Plusieurs personnalités invitées ont successivement pris la parole pour apporter des éléments de solution. (...)

Plus de 330 élus, professionnels du bâtiment, experts et citoyens ont d’ailleurs signé une tribune, dimanche 16 février, parue dans le Journal du dimanche. « Nous affirmons qu’il est possible et urgent de décarboner le secteur du BTP », écrivent-ils, en précisant que si nous changions nos matériaux de systèmes constructifs (en privilégiant les matériaux biosourcés), nous pourrions économiser 90 millions de tonnes équivalent carbone en dix ans et ainsi diminuer de 20 % les émissions de gaz à effet de serre de la France. Une étude qui laisse de l’espoir.

Après discours et démonstrations, les activistes d’Extinction Rebellion ont occupé le port Victor jusqu’à la fin de l’après-midi. Un groupe s’est également formé dans la journée pour aller bloquer un peu plus loin un deuxième site de Lafarge, au port de Javel Bas, dans le 15e arrondissement de Paris. La mobilisation, qui s’est déroulée sans violence ni accroc, a satisfait ses militants. (...)