
– Vous affirmez qu’« Exceptionnellement, ces évacuations sont réalisées sur le fondement de décisions administratives… ». Parmi les 25 expulsions réalisées durant le premier trimestre 2016, la majorité, 14, a été la conséquence d’une décision administrative. Seules 11 ont été fondées sur une décision du tribunal de première Instance. Il est donc faux de dire que ces décisions sont « exceptionnelles ».
– Vous affirmez que « Ces opérations (…) comportent un diagnostic social préalable conduit systématiquement, en application de la circulaire du 26 août 2012 » : Ces diagnostics ne sont pas du tout « systématiques », car sur les 25 expulsions réalisées durant le 1er trimestre 2016, seules 13 ont donné lieu à des solutions de relogement partielles et 12 ont été menées sans aucun diagnostic préalable. De plus, il faut ici se référer aux témoignages des acteurs de terrain et des opérateurs qui sont désignés pour mener ces diagnostics et qui tous indiquent la faiblesse des diagnostics posés, la rapidité avec laquelle ils sont menés et les conclusions souvent hâtives et inadaptées qui en sont tirées. Les solutions d’hébergement proposées se résument dans leur très grande majorité à quelques nuitées dans des hôtels éloignés qui sont inadaptés à l’hébergement des familles. C’est la raison principale pour laquelle ces solutions sont déclinées par les personnes concernées, car elles savent d’expérience qu’elles se retrouveront de fait à la rue quelques jours plus tard. Les conséquences de ces manquements ont été rappelées par le Défenseur des droits notamment lors de l’expulsion du bidonville des « Samaritains », le 27 août 2015, à La Courneuve (...)
– Vous affirmez que « Ces opérations visent à faire respecter le droit de propriété ». Or, sur les 25 expulsions réalisées durant le premier trimestre 2016, 17 ont été effectuées sur des propriétés « publiques » et non privées, et de plus 2 seulement étaient justifiées par le développement d’un projet. L’occupation soi-disant « illicite » de propriétés publiques inutilisées mettrait-elle en danger le droit constitutionnel de la « propriété » pour justifier une expulsion sans relogement en plein hiver ?
– Vous dites : « Je m’étonne que l’on puisse (…) plaider pour le maintien de bidonvilles ou campements de fortune qui ne peuvent constituer, à mes yeux, un idéal humanitaire ». Il est regrettable, si ce n’est machiavélique, d’accuser ceux qui demandent la suspension des expulsions de vouloir maintenir les bidonvilles : c’est au contraire pour prendre le temps indispensable à une réelle insertion des personnes qui y résident et donc à la résorption définitive des bidonvilles que nous plaidons. (...)