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Expérience interstitielle. Construire pour et avec les Roms.
Article mis en ligne le 1er novembre 2011
dernière modification le 29 octobre 2011

C’est par l’interstice que l’engagement entre parfois dans le corps ou l’ordre des architectes, comme expérimentation politique. La polysémie du terme « interstice » est riche, et s’il s’agira ici d’évoquer d’abord les interstices urbains temporaires, les espaces interculturels en chantier et les lieux de proximité. Discuter de l’interstice, ou mieux, de l’expérience interstitielle mène parfois aux voies plus réflexives, pour ne pas dire intimes, qu’une bifurcation biographique aurait enclenchées dans la représentation et l’exercice d’une pratique professionnelle – celle d’architecte.

Il y a cinq ans, Julien Beller arrive à Saint-Denis pour construire sans permis une maison en bois dans le jardin d’une amie. « L’interstice, l’autre, d’autres manières de faire, l’auto-construction » sont des questions qui le poursuivent en fait depuis son engagement avec No Mad’s Land auprès des gens du voyage, et l’exigence de faire pour et avec les gens concernés. La maison achevée laisse ses rebuts, des restes de matériel qui font signe d’un reste-à-faire. Le moment coïncide avec un « problème rom » de logement et de précarité devenu tel dans la ville que beaucoup d’associations se sont ouvertes à ces problématiques. La Mairie avec. Qui projette une démarche ambitieuse et unique d’accueil (au sens plein du terme) des Roms, et cherche encore son maître d’ouvrage. Julien Beller tente ici de retracer la genèse et les enjeux de cette initiative. (...)

En Amérique du Sud, il y a des villes qui se sont construites comme ça, parce qu’il n’y avait pas de moyens centralisés. (...)

La façon dont habitent les Roms aujourd’hui, ce que j’appelle « la ville informelle » et que d’autres appellent « le bidonville », avec toute la connotation péjorative que le mot véhicule, « la ville auto-construite » en somme, existe depuis toujours. Elle n’est pas bien vue, et de moins en moins, dans une société de consommation où même le logement est devenu un bien que tu consommes plutôt qu’un bien que tu construis et fais vivre. (...)

Depuis une dizaine d’années, il y a à nouveau des bidonvilles en France. Au sortir de la guerre il y en avait, puis il y a eu la construction des grands ensembles avec une politique du logement qui pouvait exhiber fièrement la fin des bidonvilles. Aujourd’hui, les grands ensembles, on en revient quand même un peu, avec les problèmes dits de "cohésion sociale". D’autant que ces ensembles devaient être temporaires mais sont devenus pérennes, sans pouvoir tenir dans le temps.
(...)

D’autres modes de fabrication de la ville sont à proposer : par « le bas », avec tout le monde, sans modèle figé. Peut-être faut-il considérer que les bidonvilles devraient exister d’une manière ou d’une autre aujourd’hui. Permettre aux gens de se construire une maison confronte le foncier, la propriété, la valeur, mais peut coûter moins cher à tout le monde que de casser, refaire, courir derrière, accompagner à la frontière, etc. (...)

Lancé par les politiques locales sur une étude de faisabilité pour le logement des 200 Roms du ex-Hanul, je commence à étudier une solution d’habitat modulaire : des boîtes en bois qui peuvent s’empiler, comme des gros Lego [5]. Elles seront préfabriquées en atelier avec les Roms pour leur mettre un pied à l’étrier vers l’emploi. C’est de l’architecture normale, garantie au moins 25 ans (avec une garantie décennale), avec des normes acoustiques et incendie, toutes les normes de la construction actuelle, voire prospective. Suivant l’idée des politiques locales, ce sera exemplaire et reproductible. Ici, on est sur un territoire qui a tellement de besoins, on peut les accompagner, on essaie de faire des preuves, et après d’autres peuvent se les approprier.
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