
Oui, vous avez bien lu : parmi d’autres, ce sont des policiers portant des écussons fascistes qui ont commencé le « nettoyage d’Exarcheia » (photo #1). Ils ne se sont pas cachés de leur appartenance et n’ont pas manqué de faire du zèle.
Le storytelling de l’attaque d’hier dans les médias est complètement déformé, comme on pouvait s’y attendre. On y parle de traitement humain et même de délicatesse. C’est faux, bien sûr ! Des violences et des destructions ont été commises et nous en avons les preuves. (...)
Beaucoup d’affaires ont été détruites et jetées, y compris des souvenirs qui pour nous avaient une grande importance. Des chaises ont été cassées (photo #8) avant d’être jetées dans le camion benne et même des paquets de couches ont été vus mélangés aux poubelles. (...)
Durant sa campagne, Mitsotakis prétendait s’attaquer à des terroristes. En réalité, il ne s’est attaqué qu’à des paquets de Pampers (de nombreux paquets de couches et d’autres fournitures pour les enfants que les membres des convois passés connaissent bien). Mitsotakis prétendait que nos squats servaient de caches au trafic de drogues. Il n’a trouvé que des jouets et quelques bonbons. (...)
Pendant ce temps, des témoins ont entendu plusieurs des types qui ramassaient ce qui restaient rirent bruyamment autour des camions bennes, ce qui confirmaient clairement l’ampleur du racisme de ces gens venus « virer du migrant » (...)
En d’autres termes : la police tente d’occuper Exarcheia. D’autres journaux télévisés, comme celui d’ERT, ont à nouveau insisté sur la présence d’étrangers d’Europe occidentale et en particulier de Français parmi les solidaires sur place, mentionnant que l’un des trois militants arrêtés dans le squat de la Kalidromiou est un Français (...)
À partir de 18 heures, durant la soirée d’hier, des militant.es d’Exarcheia se sont rassemblé.es autour du Notara 26 pour manifester leur soutien, sous la banderole NO PASARAN et les nouvelles affiches (...)
Puis une manif sauvage s’est improvisé en direction de la place centrale du quartier, attirant de plus en plus de monde des alentours. Plus de 1000 personnes au total, malgré la forte baisse de population du quartier en août (comme partout ailleurs dans Athènes). Là, les manifestant.es ont chanté leur révolte devant des flics de plus en plus nombreux et équipés. Et finalement, quelques camarades ont réussi à accrocher une banderole « You can’t evict a movement » (vous ne pouvez pas évacuer un mouvement) sur la façade du Spirou Trikoupi, muré comme son voisin le squat Transito au numéro 15 (...)
Dès le lendemain matin, des banderoles étaient hissées dans plusieurs villes : Fougères, Madrid, Rome, Berlin, Vienne, Chicago, Saillans jusque dans la forêt occupée de Osterholz à Wuppertal en Allemagne, sans oublier des dizaines de photos de soutien qui nous ont été envoyées spontanément par de nombreux compagnons de luttes, parfois avec leurs enfants (...)
À Athènes et ailleurs en Grèce, les réunions se sont multipliées malgré le mois d’août et il y a de plus en plus de monde. Des actions se préparent jusque dans certaines villes lointaines. À Athènes, un grand rassemblement aura lieu place Exarcheia ce samedi à midi. Et une très grande manif de rentrée aura lieu le 14 septembre, avec probablement beaucoup de monde.
Le gouvernement veut évacuer les anarchistes et autres révolutionnaires du quartier ? Il aura fort à faire, car Exarcheia, c’est aussi Rouvikonas et d’autres groupes moins connus mais bien déterminés à ne pas se laisser faire. Et il y a surtout d’autres rebelles dans d’autres quartiers qui ne sont pas d’accord avec ce caprice du prince.
L’État et les fascistes veulent expulser les migrant.es ? Ça risque aussi d’être compliqué : les arrivées sur les côtes de l’Est de la mer Égée sont si nombreuses qu’on n’a pas vu ça depuis 2016. D’ailleurs le pouvoir le sait puisqu’il vient d’entasser 21 000 migrants dans les îles de l’est égéen, dont 9 300 dans le sinistre camp de Moria (Lesbos) où plusieurs réfugiés sont morts de mauvais traitement ces derniers mois.
Pire encore, l’État a placé 600 migrant.es mineur.es isolé.es dans un camp soit disant spécialisé de 150 places, toujours sur l’île de Lesbos. Les conditions de vie sont tellement dures dans ce camp fermé et exigu que des bagarres éclatent souvent. L’une d’elle, dimanche, a vu la mort d’un adolescent afghan. Il avait voulu fuir l’horreur qui sévit dans son pays de naissance et il est finalement mort à l’âge de 15 ans dans un camp fermé conçu par l’Union européenne en Grèce (on se rappelle des séjours de Bernard Cazeneuve et de ses fonctionnaires et techniciens à Lesbos en 2016).
Le fascisme n’est pas mort avec la disparition d’Aube Dorée. Il est bel et bien vivant. Et il est décidé à prendre sa revanche, en Grèce, contre l’essor des utopies antiautoritaires ces dernières années et l’accueil exemplaire des réfugié.es par le mouvement social bien mieux que par l’État.
C’est donc bien plus que l’évacuation d’un quartier unique en Europe qui menace de se produire, mais aussi l’affrontement de deux visions diamétralement opposées du monde.
NO PASARAN !