
Nicky Hager : Les rédactions d’Assange ont protégé les informateurs
Le journaliste d’investigation néo-zélandais Nicky Hager a pris la parole pour témoigner de l’utilisation des documents de WikiLeaks dans son travail. Hager a publié Other People’s Wars, New Zealand in Afghanistan, Iraq and the war on terror, et a déclaré que les dossiers militaires et diplomatiques publiés par WikiLeaks "ont grandement amélioré ma compréhension de la conduite de la guerre. Il aurait été impossible d’écrire le livre sans ces sources confidentielles et divulguées".
Dans son témoignage écrit, Hager a expliqué,
"Il est en général impossible de faire des recherches et d’écrire sur la guerre à un niveau utile sans avoir accès à des sources que les autorités concernées considèrent comme sensibles et hors limites - et ce d’autant plus en ce qui concerne le sujet des crimes de guerre.
"En cas de guerre, les informations classifiées sont essentielles pour permettre au journalisme de remplir son rôle d’information du public, de prise de décision démocratique et de dissuasion des actes répréhensibles".
Commentant plus particulièrement l’importance des communiqués de WikiLeaks, Hager a comparé la publication de la vidéo "Collateral Murder", dans laquelle on peut entendre des tireurs américains dire "Regardez ces bâtards morts", à la vidéo de la police tuant George Floyd et ses mots "Je ne peux pas respirer" pour leur contribution à "l’opinion mondiale sur l’abus de pouvoir de l’État".
Hager a travaillé avec WikiLeaks pour faire un reportage sur les câbles du Département d’Etat, et il a été appelé à témoigner sur le processus de rédaction de WikiLeaks. L’une de ses tâches consistait à "identifier les [câbles] qui ne devraient pas être diffusés pour des raisons telles que la sécurité personnelle des personnes nommées". Hager a déclaré avoir trouvé que le personnel de WikiLeaks "était engagé dans un processus prudent et responsable".
Sur Assange en particulier, Hager a déclaré qu’il a passé beaucoup de temps avec Julian, et que "la personne que j’ai appris à connaître était très différente de l’image présentée dans les médias américains". (...)
Jennifer Robinson : Trump a offert le pardon à Assange en échange de ses sources
La défense a ensuite lu une déclaration de Jennifer Robison, avocate à Londres qui conseille Assange depuis 2010.
Le témoignage de Robinson relate une rencontre qu’elle a suivie entre le membre du Congrès américain Dana Rohrabacher et Charles Johnson à l’ambassade équatorienne. Le membre du Congrès Rohrabacher a clairement indiqué qu’il était venu à l’ambassade au nom du président Trump et qu’ils auraient "une audience" avec Trump à leur retour à Washington D.C.
M. Rohrabachr a expliqué qu’il voulait "résoudre les spéculations en cours sur l’implication de la Russie" dans la publication par WikiLeaks des fuites du Comité national démocrate en 2016.
Il a déclaré que les spéculations en cours étaient "préjudiciables aux relations américano-russes, qu’elles ravivaient les vieilles politiques de la guerre froide, et qu’il serait dans l’intérêt des États-Unis que la question soit résolue". Rohrabacher a expliqué que les informations d’Assange sur la source des fuites du DNC seraient "intéressantes, utiles et aideraient le président".
Rohrabacher a proposé qu’Assange identifie la source des publications sur les élections de 2016 "en échange d’une forme de pardon, d’assurance ou d’accord qui serait à la fois bénéfique au président Trump politiquement et empêcherait l’inculpation et l’extradition des États-Unis".
Assange n’a fourni aucune information sur la source à Rohrabacher, et à la place, Assange et Robinson ont exhorté le membre du Congrès à soulever les implications du premier amendement de toute mise en accusation américaine avec le président Trump.
La défense a révélé cette offre de pardon pour démontrer la nature politisée de l’accusation d’Assange. Le fait qu’elle pourrait être abandonnée si Assange fournissait des informations confidentielles, et le fait qu’elle ait été présentée après qu’Assange ait refusé de fournir ces informations, dément les affirmations d’un simple désir de poursuivre un crime. (...)