
La croisade de la droite chrétienne américaine contre l’avortement s’intensifie. Un juge fédéral a annoncé vendredi suspendre l’autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis de la mifépristone (RU 486), une des deux pilules nécessaires pour les avortements médicamenteux, ce qui empêche en pratique sa prescription. Son arrêt concerne tout le pays, y compris les Etats protégeant le droit à avorter, et affecte les quelque 500.000 femmes qui ont recours à la pilule abortive chaque année.
Le magistrat a toutefois précisé qu’il donnait à l’administration Biden une semaine pour faire appel de cette décision, ce qu’elle a aussitôt fait. Dans le même temps, un juge dans l’Etat de Washington a donné ordre à l’Agence américaine du médicament (FDA) de continuer à prescrire la mifépristone. Face à ces deux décisions contradictoires, la Cour suprême, qui est revenue l’été dernier sur l’arrêt Roe v. Wade, ce qui a permis aux Etats conservateurs d’interdire ou de strictement limiter l’IVG, pourrait être amenée à jouer les arbitres.
Le magistrat Matthew Kacsmaryk est connu pour ses vues ultraconservatrices : avant sa nomination par Donald Trump, il était avocat au sein d’une organisation chrétienne anti-avortement. En 2015, il regrettait dans un édito que les foetus « passent après les désirs érotiques » des adultes. (...)
Il est probable que le gouvernement fédéral du président Joe Biden fasse rapidement appel de sa décision, qui sera alors examinée en urgence par une Cour d’appel située à la Nouvelle-Orléans, elle aussi connue pour son conservatisme. Le dossier devrait donc aboutir rapidement devant la Cour suprême des Etats-Unis. (...)