
Depuis quelques semaines, les pots de moutarde ont disparu des étals de nos supermarchés. En cause, la guerre en Ukraine, l’un des principaux pays producteurs avec la Russie. Pour pallier cette pénurie, des producteurs français relancent cette culture.
Depuis quelques semaines, les pots de moutarde ont disparu des étals de nos supermarchés. En cause, la guerre en Ukraine, l’un des principaux pays producteurs avec la Russie. Pour pallier cette pénurie, des producteurs français relancent cette culture. (...)
Un produit devenu précieux dans notre pays, à l’heure où les pots ont disparu des étals de nos supermarchés.
Alors que le Canada et l’Ukraine couvraient largement les besoins des Français en moutarde, le dérèglement climatique et les conflits ont bousculé les calendriers. L’invasion de l’Ukraine, 4e producteur mondial, par la Russie, 2e producteur mondial, a mis à mal ce marché. Impossible pour la France de miser sur sa seule production française : la culture de moutarde a presque disparu du pays depuis la Seconde Guerre mondiale, à tel point que la production française couvre seulement un tiers des besoins nationaux [1]. Résultat : la pénurie s’est répandue aux quatre coins du monde, provoquant une augmentation des prix. (...)
En juillet 2021, le dôme de chaleur qui a provoqué la mort de plus de 700 personnes, et détruit notamment le village de Lytton dans l’ouest canadien, a décimé les champs de moutarde. (...)
« Une culture assez risquée et fragile »
En Charente-Maritime, la Coopérative régionale d’agriculture biologique (Corab) a eu le flair de relancer la production de graines bio brunes et jaunes juste avant la pénurie. (...)
« Cette année on a récolté entre 15 et 20 tonnes, ça progresse, précise Thibault Bourgeois, le responsable commercial de la Corab. Mais on n’est pas dans la course aux volumes et aux surfaces. On cherche surtout un modèle viable économiquement et agronomiquement pour les exploitants. On a obtenu des graines de bonne qualité, mais ça reste une culture assez risquée et fragile. » (...)
Produire de la moutarde biologique reste un défi. Deux espèces de coléoptères, l’altise et le méligèthe, s’attaquent régulièrement aux feuilles. Pour pallier ce problème, Laurent Pinaud utilise du savon noir avec du purin d’orties, mais les résultats ne sont pas spectaculaires. Il a donc décidé de semer à la volée des graines de moutarde et de lentille. « J’ai mis de la lentille blonde pour attirer les insectes. C’est le médicament pour mes moutardes », raconte-t-il. En prime, cultiver la moutarde nécessite peu d’eau et conserve mieux les sols avec un couvert végétal conséquent. (...)
La Bourgogne met les bouchées doubles
À Dijon, capitale mondiale de la moutarde, on n’avait jamais totalement lâché la graine, notamment grâce à l’Association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne, qui existe depuis trente ans. Biologique ou conventionnelle, cette culture ne faisait plus rêver, jusqu’à ce que le dôme de chaleur canadien puis la guerre rebattent les cartes. (...)
Pour les graines de moutarde de Charente, les premiers acheteurs se sont d’ores et déjà manifestés, comme la marque Les 3 Chouettes, qui a précommandé 5 tonnes auprès de la Corab. (...)
Les graines produites en Charente seront conditionnées telles quelles pour faire des pickles, qui seront servis à l’apéro sur du pain. La moutarde française est donc bel et bien de retour.