
Lundi 27 février, après avoir participé au blocus de leur lycée Honoré-de-Balzac, dans le XVIIème arrondissement de Paris, Malika*, Kahina*, Coumba* et dix autres de leurs camarades sont arrêtés par la police. Motif : vol et dégradations en réunion. Des faits pour lesquels ils ont été relâchés et que tous nient catégoriquement. Les mineurs restent marqués par leur garde à vue et racontent les humiliations vécues. Reportage.
(...) une voiture de police s’arrête au niveau du groupe de lycéens. À ce moment, ils sont treize : les sept filles ont été rejointes par six lycéens, dont deux autres élèves de Balzac. La troupe se trouve à proximité de la cité scolaire Balzac. Cinq policiers sortent du véhicule et sont rejoints par des agents en civil et d’autres policiers en uniforme. “Pourquoi vous nous arrêtez ?”, demande Malika. “Tais-toi”, lui aurait répondu un des policiers.
Les mineurs sont alignés le long du mur et leurs sacs fouillés. La police tombe sur la marchandise volée. Les treize jeunes sont emmenés au commissariat de police du XVIIème. L’un d’eux, Nassime*, est la cible de nombreuses moqueries de la part des officiers, en raison de son poids. “Viens là le gros”, lui auraient lancé les policiers à plusieurs reprises. Ses camarades assistent impuissants et tétanisés à ces humiliations.
“Il n’y avait que des Noirs et des Arabes. Je ne crois pas au hasard”
Il est 11h30. Au commissariat, le groupe de mineurs doit attendre dans une première cellule. “Ça sentait le pipi”, raconte Aïssata. On a été appelés un par un pour donner notre identité”. La jeune fille de 16 ans rapporte que des policiers ont eu des paroles déplacées à l’égard de deux de ses camarades. “Abdel* voulait partager sa cellule avec son pote, le policier lui a répondu qu’il ‘ramènerait des capotes’, son collègue a ajouté, “c’est comme ça que ça a commencé avec Théo’”. Son récit est corroboré par plusieurs témoins de la scène. Les garçons en question, eux, n’ont pas souhaité témoigner.
Filles et garçons sont ensuite séparés. Les sept filles doivent retirer “soutiens-gorge, lacets, élastiques…”. Elles découvrent une petite cellule dans laquelle elles devront s’entasser. “On n’arrêtait pas de pleurer. On essayait de se rassurer, on se racontait des histoires. On a même chanté pour passer le temps”, rapporte Malika. “J’étais terrorisée, je ne comprenais pas ce qui se passait, on n’avait rien fait”, ajoute Kahina, larmes aux yeux et mains tremblantes.
Pas de déjeuner de distribué aux mineurs
Personne n’aura droit à un déjeuner à 13h ni à une visite des parents, qui ont été avertis de la garde à vue de leurs progénitures entre 12h30 et 13h. (...)