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Mediapart
En exil, les activistes hongkongais poursuivent la lutte
Article mis en ligne le 24 décembre 2020

Au Royaume-Uni, pays d’accueil de la majorité des Hongkongais qui fuient la répression, Simon Cheng est à la tête d’un groupe visant à construire un « Parlement fantôme ».

« La démocratie ne peut pas s’éteindre. » C’est le message que les activistes hongkongais de l’étranger veulent faire passer à la Chine.

Exilés au Royaume-Uni, à Taïwan, au Canada, aux États-Unis ou en Allemagne, des figures du mouvement pro-démocratie à Hong Kong comme Simon Cheng, Nathan Law – il a annoncé dans le Guardian lundi demander l’asile au Royaume-Uni –, Ray Wong, Brian Leung ou encore le libraire Lam Wing-kee coordonnent leurs actions à distance pour continuer de faire vivre la démocratie hongkongaise hors de ses frontières.

Au centre de plusieurs initiatives prises à la suite de la promulgation de la controversée loi de sécurité nationale le 1er juillet dernier, le projet phare réside dans l’organisation d’un « shadow Parliament », que l’on pourrait traduire par « Parlement fantôme », en référence aux « cabinets fantômes » formés par l’opposition au Royaume-Uni, ainsi que dans les autres pays appliquant le système de Westminster.

La loi de sécurité nationale vient compléter la loi fondamentale, qui régit l’ancienne colonie britannique, et attribue de lourdes peines, pouvant aller jusqu’à la prison à vie, aux accusés de terrorisme, subversion, sécession ou encore collusion avec des forces étrangères. Selon plusieurs experts, cela implique que les manifestations, l’expression publique des opinions et les élections soient désormais très surveillées ; ce qui fait des militants prodémocratie les premiers visés. (...)

La loi permet pour la première fois aux agences sécuritaires du continent chinois d’opérer à Hong Kong. Elle autorise par ailleurs l’extradition des suspects et leur jugement dans les cours chinoises, où le taux de condamnation atteint 99,9 %.

En réaction, les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la France et le Royaume-Uni ont suspendu leur accord autorisant l’extradition de criminels vers Hong Kong, permettant ainsi d’accueillir les citoyens que la nouvelle loi peut inquiéter. (...)

à partir de janvier 2021, les individus disposant d’un passeport British National Overseas (BNO), soit trois millions de Hongkongais nés avant 1997, pourront librement immigrer au Royaume-Uni accompagnés de leur famille. (...)

« Quand on s’attarde sur la proposition du Royaume-Uni pour les passeports BNO, elle ne s’applique pas aux jeunes [nés après 1997, année de la rétrocession de Hong Kong à la Chine – ndlr]. C’est pourquoi nous plaidons auprès des autres pays, dont la France, pour qu’ils étudient des possibilités de visa et s’assurent que ceux qui ont participé aux manifestations aient un endroit où aller. » (...)

Simon Cheng décrit le projet de « Parlement fantôme » comme une organisation civile qui « essaiera de représenter le peuple hongkongais, qu’il soit à l’intérieur ou en dehors des frontières de l’île, et de lui permettre d’exercer son droit de vote », un Parlement symbolique, destiné à contrecarrer la propagande chinoise. « Le discours public du Parti communiste chinois fait beaucoup d’efforts pour faire croire que la majorité des gens de Hong Kong soutiennent le gouvernement. Nous voulons montrer au monde entier que ce n’est pas vrai. Cela va les effrayer, car tout se fera par des moyens démocratiques. »

Simon Cheng estime qu’au minimum 600 000 personnes seront à même de s’engager avec le « Parlement fantôme ». (...)

Pour l’activiste, l’engagement d’un million de personnes (Hong Kong compte sept millions d’habitants) permettra au « Parlement fantôme » de gagner en légitimité. (...)

Le lanceur d’alerte ajoute que le système du « Parlement fantôme » sera sécurisé : « La base de données sera en dehors [de Hong Kong], nous allons recruter une équipe technique avec de bonnes connaissances en cybersécurité. Nous essaierons de ne pas enregistrer les informations personnelles des votants. » (...)