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En Loire-Atlantique, deux conceptions de l’agriculture s’affrontent aux élections
Article mis en ligne le 30 janvier 2019

Les élections de renouvellement des chambres d’agriculture se terminent le 31 janvier. En Loire-Atlantique, les trois syndicats agricoles ont confié à Reporterre l’étendue de leurs divergences en matière de pratiques et de gestion.

Une cinquantaine de manifestants le 14 janvier dernier devant le siège nantais de la chambre d’agriculture protégé par un cordon de CRS, un mois après une action similaire devant une antenne de la chambre dans le sud du département. Terres communes, un collectif d’agriculteurs et de citoyens, proteste contre la reprise de 340 hectares d’un seul tenant par un gros paysan normand « au détriment de petits paysans locaux porteurs de projets ». En Loire-Atlantique, ce type d’action s’inscrit dans la ligne des luttes contre les accapareurs, menées dans les années 1970 par les Paysans travailleurs, l’ancêtre de la Confédération paysanne (la « Conf’ »). L’appel à la manif s’illustre d’une ferme usine derrière des barbelés, devant un parterre de souches d’arbres ratiboisées.

Mickaël Trichet met du même coup en cause la Confédération paysanne, le groupement des agriculteurs biologiques, et le dessin — aux « références nauséabondes » — d’appel à la manif : « Greenpeace fait de la délation, et la Confédération paysanne et l’association [le GAB 44, Groupement des agriculteurs biologiques] nous comparent à travers les dessins de leurs sites au nazisme », en ajoutant : « Nous avons décidé de contester toutes les structures qui feront de l’“agribashing” et qui nous trainerons dans la boue. C’est un point essentiel de notre programme aux élections à la chambre […] Nous nous retrouvons, nous, agriculteurs qui défendons toutes les agricultures devant d’autres soi-disant agriculteurs et associations qui prônent le retour à la préhistoire, les travaux à la main dans les champs, le refus de la modernité, le tout arrêt de pesticides sans période de transition. Les agriculteurs s’en souviendront dans les urnes. »

Au sens propre, au figuré, voire au sens moins propre, la campagne bat son plein. (...)

Quand la Conf’ parle de « sortir des pesticides », la FDSEA préfère dire qu’il faut « mieux appréhender les produits phytosanitaires » et édite des fiches « guide phyto pour y voir clair ».

La chambre d’agriculture de Loire-Atlantique est menée par une majorité FNSEA depuis 2007, son score de 44,27 % des voix faisant alors basculer ce fief de la Confédération paysanne, syndicat né dans la continuité de Bernard Lambert et des Paysans travailleurs.

« Il n’y a aucun pluralisme syndical »
Le scrutin de 2013 a confirmé cette avance au score avec 45,63 % à la liste FNSEA, 34,79 % à la Confédération paysanne et 19,58 % à la Coordination rurale. Ce qui a accordé 16 sièges à la FNSEA, trois à la Confédération, deux à la Coordination.

Élue Coordination rurale lors du dernier mandat, Catherine Laillé, éleveuse de porcs label rouge à Fégréac, centre ses critiques sur une gestion servant essentiellement les intérêts du syndicat majoritaire. (...)

Catherine Laillé estime que la chambre doit défendre les agriculteurs contre les « insupportables attaques des véganes et des “écolobobos”, et refaire du lien avec les consommateurs, par l’acte d’achat mais aussi par l’explication, et renouer avec les ONG, les néoruraux, organiser des réunions avec des films, des débats, des visites d’exploitations. La transparence sur les produits, on la doit au consommateur. C’est le rôle de la chambre de montrer le travail fourni par les différentes productions ».

Vis-à-vis des revirements de choix alimentaires dans les collectivités, Mickaël Trichet ne cache pas son agacement (...)

Le candidat de la Confédération paysanne ne serait pas hostile à une entrée des consommateurs au sein des conseils d’administration : « Qu’ils puissent entendre ce qu’on fait, ce qui obligerait aussi les agriculteurs à soigner un peu plus leur discours. »