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En Italie, sur les chemins des enfants migrants, une foule d’associatifs prennent soin d’eux.
Article mis en ligne le 9 mai 2018

Il ne s’attendait pas à ça, Ismaël. Sept mois déjà dans ce centre d’accueil propre et froid, quand nous le rencontrons début décembre 2017. Sept mois, c’est long à 16 ans. Il s’ennuie Ismaël, dans cette banlieue de Palerme, entre le parking du centre commercial voisin et les maisonnettes du lotissement d’à côté.

Il prend parfois le bus pour aller au marché populaire de Ballaro, dans le centre de la capitale provinciale. « Là-bas, il y a beaucoup d’Africains, j’aime bien aller discuter avec eux », dit-il.

Ismaël est un des 25 846 enfants migrants non accompagnés arrivés en Italie en 2016. Il a 14 ans quand il fuit un mariage imposé par son père et son pays, le Burkina Faso. Il gagne Agadez et de là traverse le Sahara. (...)

ce sera l’Europe, « car les droits des enfants y sont respectés », récite Ismaël comme pour mieux s’en convaincre. Mais ce n’est pas vraiment le cas, répètent, de Palerme en Sicile à Vintimille sur la frontière française, des professionnels, des bénévoles, des travailleurs sociaux, des juristes, des médecins ou de simples citoyens.

Tous ceux qui tentent de prendre soin de ces milliers d’enfants débarqués seuls en Italie.

Et pourtant, sur le papier, le pays ne semble pas avoir à rougir. Au printemps 2017, l’Italie a adopté une législation saluée par l’Unicef comme un modèle pour l’Europe : interdiction de la reconduite à la frontière, attribution d’un permis de séjour jusqu’à la majorité de l’enfant. Enfin, surtout, une petite révolution en cas de question sur la minorité ou la majorité du jeune.

Les tests osseux décriés car peu fiables ne sont plus décisifs. (...)

Heureusement pour tous les Ismaël qui débarquent en Sicile, le tissu associatif italien pallie en partie les carences de l’État. (...)

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À Rome, le camp "Baobab" près de la gare de Tiburtina © Édouard Elias

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En Italie, sur les chemins des enfants migrants, une foule d’associatifs prennent soin d’eux.

Il ne s’attendait pas à ça, Ismaël. Sept mois déjà dans ce centre d’accueil propre et froid, quand nous le rencontrons début décembre 2017. Sept mois, c’est long à 16 ans. Il s’ennuie Ismaël, dans cette banlieue de Palerme, entre le parking du centre commercial voisin et les maisonnettes du lotissement d’à côté.

Il prend parfois le bus pour aller au marché populaire de Ballaro, dans le centre de la capitale provinciale. « Là-bas, il y a beaucoup d’Africains, j’aime bien aller discuter avec eux », dit-il.

Ismaël est un des 25 846 enfants migrants non accompagnés arrivés en Italie en 2016. Il a 14 ans quand il fuit un mariage imposé par son père et son pays, le Burkina Faso. Il gagne Agadez et de là traverse le Sahara.

À Sebha, ville du sud libyen et passage obligé des migrants, il travaille un an comme maçon. « Mon patron me traitait bien, il me payait un peu et ne voulait pas que je parte », raconte Ismaël, dans la grande salle commune presque vide.

Mais le pays est trop dangereux.

N’importe qui peut t’enlever ou te tuer parce que tu es noir.

Ismaël, un burkinabés de 16 ans

Alors ce sera l’Europe, « car les droits des enfants y sont respectés », récite Ismaël comme pour mieux s’en convaincre. Mais ce n’est pas vraiment le cas, répètent, de Palerme en Sicile à Vintimille sur la frontière française, des professionnels, des bénévoles, des travailleurs sociaux, des juristes, des médecins ou de simples citoyens.

Tous ceux qui tentent de prendre soin de ces milliers d’enfants débarqués seuls en Italie.

Et pourtant, sur le papier, le pays ne semble pas avoir à rougir. Au printemps 2017, l’Italie a adopté une législation saluée par l’Unicef comme un modèle pour l’Europe : interdiction de la reconduite à la frontière, attribution d’un permis de séjour jusqu’à la majorité de l’enfant. Enfin, surtout, une petite révolution en cas de question sur la minorité ou la majorité du jeune.

Les tests osseux décriés car peu fiables ne sont plus décisifs.

Ils doivent être encadrés par des entretiens menés par des médiateurs culturels dans la langue de l’enfant, et le doute profite au mineur. Mais dans les faits, le système est débordé, bloqué.

Heureusement pour tous les Ismaël qui débarquent en Sicile, le tissu associatif italien pallie en partie les carences de l’État.

Lire aussi : Le témoignage de Malic, un jeune migrant ivoirien

SICILE : TUTEURS VOLONTAIRES ET AFFAIRISTES SANS SCRUPULES
Selon le système italien, Ismaël aurait dû séjourner un mois dans un centre d’urgence, dit de premier accueil, avant d’être orienté dans un centre de deuxième accueil.

C’est là, et là seulement, que commence le parcours d’intégration : papiers, scolarité, apprentissage.

Mais le système craque de toute part sous le nombre d’arrivées de mineurs non accompagnés. 13 026 en 2014, 12 360 en 2015, 25 846 en 2016, 15 648 au 18 décembre 2017.

La chute du nombre d’arrivées après les accords passés entre l’Italie d’une part, les gardes-côtes et les milices libyens d’autre part, n’a pas amélioré la situation.

Les centres sont engorgés. « Le résultat, se désole Giovanna, c’est que les centres de premier accueil sont des parkings où pourrissent les enfants ­souvent pendant un an ! ». (...)

La mairie a lancé un appel aux tuteurs volontaires. « Chacun a l’autorité parentale sur un ou deux enfants. Il est l’interlocuteur de l’école, des travailleurs sociaux, des professionnels de santé et de l’administration municipale, jusqu’à leur autonomie à 18 ou 21 ans selon les cas, explique Angela Errore, défenseure des droits de l’enfant de Palerme. Les premières évaluations sont très positives ».

54 tuteurs ont été recrutés en 2017. Angela espère arriver à 300 en 2018. (...)

Parallèlement, la mairie de Palerme a passé un contrat avec l’ONG Intersos, qui a formé, en un peu plus d’un an, 500 travailleurs sociaux et administratifs à la protection de l’enfance et aux activités éducatives.

« Tous les mineurs qui débarquent sont profondément traumatisés. En Libye, beaucoup ont été maltraités, voire torturés, sans parler du voyage et de la traversée. Ce ne sont pas des enfants comme les autres, souligne Diego Pandiscia, ­éducateur et coordinateur d’Intersos pour la Sicile. Or beaucoup de personnes se sont improvisées éducateurs et gérants de centres d’accueil. C’est un problème majeur, surtout en Sicile ». (...)

L’accueil d’urgence est devenu un business pour certains individus sans scrupules et pour les réseaux criminels. (...) 5 à 6 000 mineurs étrangers disparaissent chaque année des radars à cause des violences subies dans les lieux d’hébergement. (...)

Comme Angelica, Giovanna est fatiguée et en colère.

Je vois tellement d’enfants épuisés et frustrés. Avoir tant souffert pour trouver si peu ! Souvent, ils perdent la volonté de vivre.

Giovanna (...)

Combien sont-ils, ces enfants errants, dans la capitale italienne ? On ne sait pas trop. « Il y en a des dizaines, autour des gares de Tiburtina et surtout de Termini, explique Yasmine Accardo, de LasciateCiEntrare. Ils arrivent de Sicile, ou bien ils ont essayé de passer la frontière avec la France, ils ont été arrêtés, envoyés dans un camp ou un centre du Sud du pays, et ils remontent à Rome par le train avant de tenter à nouveau leur chance. Certains sont contraints à la prostitution. D’autres dorment dans les recoins, où ils peuvent. La plupart ne veulent pas retourner dans les structures d’hébergement ».

Il n’existe qu’un seul centre pour les mineurs non accompagnés en transit à Rome. (...)

VINTIMILLE : RENDRE LES EXILÉS INVISIBLES
Checkpoints, patrouilles : passer à travers les mailles du filet relève presque de l’exploit. (...)

Dans la ville ocre et jaune de la Riviera se fracassent les espoirs des migrants. La France est à quelques kilomètres, mais les gares ferroviaires, l’autoroute, les routes, les sentiers de montagne même, sont contrôlés par la police et l’armée française.

Même les mineurs non accompagnés sont renvoyés systématiquement vers l’Italie sans possibilité de déposer une demande d’asile, et encore moins d’être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (Ase) française. (...)

Ici, les enfants de l’exil ne trouvent de l’aide qu’auprès des passeurs, pour arriver jusqu’au territoire français à un jet de pierre de là, et des volontaires, pour rendre la vie vivable. (...)