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Mediapart
En Italie, le nouveau pouvoir à la reconquête de l’imaginaire national
#nationalisme #extremedroite
Article mis en ligne le 30 juillet 2023
dernière modification le 29 juillet 2023

Culture et identité : les deux mots sont indissociables pour le nouveau gouvernement italien de Giorgia Meloni. Mais derrière cette façade idéologique, les professionnels du secteur attendent des réformes profondes.

S’il fallait mettre en musique l’« imaginaire italien », Beatrice Venezi choisirait assurément un compositeur du XIXe siècle. « Et s’il fallait n’en citer qu’un », réfléchit la « Madame musique » du ministère de la culture italien, ce serait Ottorino Respighi et son triptyque botticellien.

S’inspirant des chefs-d’œuvre du peintre Botticelli, Respighi a glissé dans son deuxième mouvement le chant de Noël Tu scendi dalle stelle. Des références puisées dans la peinture ou la musique classiques, alliées à un chant populaire et chrétien : tels seraient quelques-uns des ingrédients de ce concept évanescent de l’« imaginaire italien », qui pourrait résumer la politique culturelle du nouveau gouvernement, autoproclamé de « centre-droit » depuis l’automne dernier mais dirigé par une post-fasciste.

Pendant la campagne électorale, Beatrice Venezi (dont l’invitation à Nice pour la fin d’année a récemment suscité la polémique) n’a pas caché son soutien à Giorgia Meloni, cheffe du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia. Femme et trentenaire, le profil de cette cheffe d’orchestre tranche dans un univers âgé et masculin. Ses positions conservatrices déclenchent quelques polémiques en Italie, comme lorsqu’elle affirme que « Dieu, Patrie, Famille » sont ses valeurs, en référence au slogan de Giorgia Meloni, lui-même repris à Mussolini. Mais aussi quand elle refuse d’être appelée « directrice » d’orchestre, préférant le masculin. Ou encore lorsque la presse italienne rappelle la candidature de son père aux municipales sous les couleurs du parti néofasciste Forza Nuova en 2007. (...)

Le 6 avril dernier, dans les salons feutrés aux épais rideaux vert pâle de l’Hôtel Quirinale, à Rome, où sont organisés les États généraux de la culture nationale, l’expression est sur toutes les lèvres. Edoardo Sylos Labini s’avance derrière le pupitre, impeccable dans sa chemise et veste noires, courte barbe blanche et crâne glabre.

Ce n’est pas le comédien et metteur en scène qui s’exprime mais le fondateur du projet culturel Culture Identité (...)

il crée en 2018 Culture Identité, une association pour « relancer l’identité italienne à travers les grands personnages du pays mais aussi à travers des symboles historiques, culturels, artistiques ». (...)

C’est là, dans cette Italie provinciale « dont il faut être fier », qu’il organise cet été des festivals culturels, avec l’espoir de faire renaître ces petites et moyennes communes qui se vident de leurs habitants.

Ces déclarations d’intention auraient pu se cantonner aux salons du ministère. Mais nombreux sont les professionnels de la musique et du monde du spectacle interrogés à apprécier l’attention du gouvernement à leur égard. Habitués au statu quo depuis des dizaines d’années, ils attendent désormais du concret. (...)