
Pris dans la tourmente de la crise financière, confronté à l’appauvrissement et au surendettement massif de centaines de milliers de familles incapables de rembourser leurs emprunts, le gouvernement ultra-conservateur hongrois choisit de criminaliser les sans-abris et de sélectionner les candidats à un logement social selon des critères moraux. Bienvenue dans l’autre laboratoire européen de la crise
Quatre modifications de Constitution... en un peu plus d’un an ! La coalition de droite au pouvoir en Hongrie ne lésine pas sur les jongleries institutionnelles pour renforcer le caractère ultra-conservateur de l’État, forgé avec sa « loi fondamentale », la nouvelle constitution, mise en œuvre depuis janvier 2012. Cette fois, avec cette 4ème version, en vigueur depuis le 1er avril 2013, il s’agit, notamment, de criminaliser les sans-abris. Le nouveau texte donne la compétence aux collectivités locales de « qualifier la demeure permanente des personnes sur les espaces publics comme étant non-conforme à la loi pour des raisons de l’ordre public, de la sécurité publique, de la santé publique et de la sauvegarde des valeurs culturelles ». Devenir sans-abri et n’avoir d’autre choix que de demeurer dans l’espace public est donc un crime, susceptible d’être puni.
La Cour constitutionnelle hongroise s’était pourtant opposée à une telle loi à l’automne. (...)
Cette 4ème modification constitutionnelle a provoqué l’indignation, en Hongrie comme dans plusieurs grandes villes européennes, et la protestation de la Fédération européenne des associations travaillant avec les sans-abris, qui regroupe en France des organisations comme Emmaüs, le Samu social ou le Secours catholique (Lire ici). Si être obligé de dormir dans des espaces publiques devient un délit, les autorités locales ne sont soumises à aucune contrainte en matière de politique sociale pour héberger ceux qui ont perdu leur domicile. L’article 8 de la Constitution déclare seulement que « l’État et les collectivités locales facilitent la mise en place des conditions humaines de l’accueil des sans-abris ».
Les sans-abris risquent bien, pourtant, de se multiplier. Se loger devient de plus en plus difficile dans un pays dans la tourmente de la crise financière. L’endettement et l’appauvrissement des ménages sont des plus inquiétants. (...)
Suite à la privatisation du parc de logement, entamée dès la transition politique de 1989, les ménages aux moyens modestes ne parviennent plus à se loger convenablement. (...)
Il n’y a pourtant pas de pénurie de logements en Hongrie. Selon les résultats les plus récents du recensement de 2011, le nombre des logements vacants s’élève à 450 000, dont 13 000 dans le parc public. Cela signifie qu’un dixième du parc public reste vacant, malgré le nombre croissant des sans-abris ! (...)