
Leur conférence de presse est passée inaperçue, tandis que les médias n’avaient d’yeux que pour les cérémonies romaines de la fin de semaine. Mais les conseillers municipaux espagnols, passés par le Parlement européen mi-mars, s’emploient, eux aussi, à défendre une certaine conception, plus sociale, de l’Europe. Ils en appellent à la désobéissance
« Nous voulons en finir avec les politiques austéritaires, en partant du municipalisme », a lancé mercredi à Bruxelles Ana Taboada, la numéro deux de la maire d’Oviedo, une ville d’environ 220.000 habitants dans le Nord de l’Espagne (Asturies). Elle est devenue l’une des principales figures d’un réseau inédit, le Front des municipalités espagnoles contre la dette illégitime. Ce mouvement est né lors d’une rencontre qui s’est tenue, en novembre 2016, à Oviedo, dont un manifeste est sorti (à lire sur le site du CATDM, (...)
Aux municipales de mai 2015 en Espagne, des dizaines de villes, dont Madrid et Barcelone, ont été remportées par des plateformes citoyennes, héritières du mouvement indigné de 2011. Soutenues par Podemos, mais indépendantes du mouvement de Pablo Iglesias, elles ont depuis, tracé leur route. Alors que l’Espagne est dirigée par la droite, elles tentent, depuis l’échelon local, de construire des alternatives aux politiques de Mariano Rajoy. Mais toutes ou presque butent sur une difficulté de taille : la « loi Montoro », du nom de l’actuel ministre des finances, Cristóbal Montoro.
Ce texte, de 2013, limite les marges de manœuvre budgétaire des villes. Au nom de la discipline, il oblige en particulier les mairies à rembourser, avant toute chose, les intérêts de leur dette. (...)
Le mouvement rassemble aujourd’hui près de 140 villes d’Espagne. Elles exigent en priorité l’abrogation de la « loi Montoro », mais aussi la ré-écriture de l’article 135 de la constitution espagnole, qui inclut, depuis 2011 (et la décision du gouvernement du socialiste Zapatero), la fameuse « règle d’or » des comptes publics. Les « mairies rebelles » d’Espagne avaient déjà tenté, en 2015, la création d’un réseau de villes pour accueillir davantage de réfugiés dans le pays. Cette fois, le face-à-face entre ce réseau municipaliste de gauche, et le ministre des finances de droite, est en train de devenir l’un des feuilletons politiques les plus excitants d’une Espagne qui porte toujours les stigmates de la crise (un taux de chômage autour de 18%).
Les représentants de ce Front municipal espagnol ont fait le déplacement à Bruxelles, avec l’espoir de trouver des alliés ailleurs en Europe. (...)