
Comme le rappellent les anciens pêcheurs, la disparition du lac en 2015 n’était pas la première dans l’histoire de cette masse d’eau fragile. Cependant, ils affirment ne l’avoir jamais vu complètement sec auparavant. Tout au long du XXe siècle, le Poopó a subi plusieurs sécheresses, diminuant de manière conséquente la hauteur de son miroir d’eau, entre 1939 et 1944, entre 1969 et 1973 et entre 1994 et 1997. Mais le changement climatique et la hausse des températures (entre 1995 et 2005, la température dans les hauts plateaux andins a augmenté de 0,9 °C et la température minimale de 2,06 °C au cours des cinquante dernières années), les effets du système Enso dans l’océan Pacifique, la diminution du niveau du lac Titicaca, dont le Poopó est subsidiaire par la rivière Desaguadero et les conséquences des activités humaines ont cette fois-ci raccourci sa durée de vie : le lac a entièrement disparu.
La prolifération des systèmes de canaux d’irrigation développés par les paysans dans la région représente une des causes majeures de l’assèchement du lac. En cause, l’intérêt mondial croissant pour le quinoa a fait de la Bolivie l’un des premiers exportateurs. (...)
L’exploitation minière de nickel, de cuivre, de cadmium, de plomb, d’argent et de zinc joue également son rôle dans la disparition du lac. L’augmentation des prix des métaux sur le marché international ces dernières années a contribué au développement du secteur. Avec une législation en matière de protection de l’environnement faible et inadaptée, les entreprises minières ont depuis toujours déversé de l’eau contaminée dans le lac Poopó. (...)
Les anciens villages du lac Poopó sont maintenant enclavés et abandonnés au beau milieu d’un désert de sel (...)
Là où les derniers pêcheurs ont renoncé à leur métier. Le lac s’est enfui, eux aussi. Les familles se sont séparées et les enfants sont partis. Pour chercher du travail, ailleurs en Bolivie, ou dans les pays frontaliers, comme l’Argentine et le Chili. Leurs enfants ne verront probablement jamais le lac.
Les Urus, premiers habitants de ces terres, sont ainsi devenus les premiers réfugiés environnementaux de Bolivie. Connus sous le nom de « peuple de l’eau », ils habitaient autrefois une grande partie de l’Altiplano bolivien et péruvien. Un drame indigène pour la communauté la plus touchée par la sécheresse du lac Poopó.