
Presque deux mois après le vote historique, et de justesse, des députés argentins en faveur du droit à l’avortement, le Sénat a donc réfusé le 9 août 2018 d’entériner le choix de la chambre basse. La chambre haute a ainsi confirmé sa tendance conservatrice. Partisan.es et adversaires de l’IVG n’avaient pas ménagé leurs actions dans les dernières heures avant l’ultime débat parlementaire.
Trente-huit des 72 sénateurs ont dit "non" au texte prévoyant l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) pendant les 14 premières semaines de grossesse, 31 ont voté en faveur et deux se sont abstenus, selon les résultats officiels. Un choix à rebours de l’opinion publique : un sondage dilligenté par l’antenne locale d’Amnesty international, avant le scrutin, indiquait que 60% des Argentins s’affichaient en faveur d’une légalisation de l’IVG. Tandis que 71% sont hostiles aux ingérences régulières des Eglises dans la politique argentine.
Le vote fait, le combat recommence déjà(...)
"L’avortement sera légal, même si aujourd’hui gagne l’ignorance, mais la lutte pour les droits de toutes restera sur le pied de guerre, nous continuerons à nous battre. Rien ne pourra nous faire taire et nous arrêter."(...)
Durant deux jours, les regards ont été tournés vers l’Argentine, les Sénateurs sentant à Buenos Aires les pressions exercées depuis chez eux, mais aussi de partout dans le monde. A l’approche du vote final de la loi en faveur (ou pas) du droit à l’avortement en Argentine, les manifestations s’étaient multipliées en Argentine, tant de ses partisanes que des adversaires. Tandis que de tous les continents affluaient des messages, en particulier d’Irlande autour du mot dièse #ItsYourTurn (#AVotreTour). C’est que le 25 mai 2018, ce pays très catholique, l’un des derniers en Europe à refuser l’Interruption volontaire de grossesse aux femmes, a cédé : ce jour-là, 66% des électeurs ont voté pour un changement de la constitution contre 34% qui souhaitaient le statu quo.
Deux semaines plus tard, le 14 juin, de l’autre côté de l’Atlantique, à une très courte majorité (129 pour et 125 contre), sans doute inspirés par leurs collègues irlandais, les députés argentins adoptaient en première lecture un projet de loi légalisant l’avortement durant les 14 premières semaines de grossesse, malgré l’opposition de l’Eglise catholique et des chapelles évangéliques elles aussi très puissantes en Amérique latine.(...)
Dans le pays du pape François, lui-même très hostile à l’IVG comme il l’a fait savoir haut et fort, où le catholicisme est majoritaire