
En Espagne, l’écologie est passée relativement inaperçue durant la campagne des élections législatives, le 23 juillet. Une vague réactionnaire rend le travail de la gauche plus difficile encore.
Il n’y a effectivement pas de parti vert en Espagne. Aucun, du moins, qui soit assez fort pour envoyer à lui seul des élus au Parlement. « Pedro Sánchez [l’actuel Premier ministre] a beaucoup encouragé le développement des énergies vertes », rappelle Pilar. Depuis l’arrivée du socialiste à La Moncloa (la résidence d’État) en 2018, la transition énergétique a été définitivement mise sur les rails en Espagne, après des années de blocage. Sánchez a créé une vice-présidence à la Transition écologique, regroupant les compétences en matière d’énergie et d’environnement dans le même portefeuille. Le poste a été confié à Teresa Ribera, dont les défenseurs de l’environnement s’accordent à dire qu’elle a fait avancer les choses. (...)
« Aucune voix ni aucun parti n’a mis suffisamment l’accent sur ces problèmes écologiques » (...)
Comment expliquer que l’écologie soit si peu présente dans cette campagne, y compris à gauche ? « Durant la transition [au sortir de la dictature de Franco, en 1975], l’un des grands objectifs était d’établir un système de partis traditionnels pour consolider la démocratie. L’environnement était secondaire », explique Angel Valencia, professeur de sciences politiques à l’université de Málaga, spécialiste des relations entre gauche et écologistes. Moins productiviste et industrialiste que la gauche française, sa cousine espagnole a aussi été plus perméable à ces revendications (...)
Mais la gauche traditionnelle a toujours eu pour axe central la lutte contre l’inégalité. « Depuis des années, les progressistes essaient d’articuler un discours qui agrège des luttes de différentes natures [féminisme, droits LGBTI+, lutte des classes, antiracisme…], explique Angel Valencia. Le problème qu’ils ont est le suivant : quelles demandes sont les plus importantes ? L’environnement passe-t-il devant l’égalité, le féminisme ? Ne sont-elles pas toutes importantes ? Comment organiser cela politiquement ? »
« Un thème qui ne fait pas gagner de voix »
« La lutte contre la crise du vivant devrait être la première préoccupation. L’être humain ne peut pas vivre sans la nature. Il y a une gauche qui a un discours environnemental. Mais elle n’a pas réussi à en faire l’axe central [de son programme] », regrette le coordinateur d’Écologistes en action. (...)
« C’est vrai que juste pour mon pays, le plus important serait l’emploi, notamment pour les jeunes, admet Pilar. Plus de stabilité professionnelle aussi, et les salaires. » Pour l’heure, rares sont les gens qui, comme elle, voteront essentiellement guidés par leurs inquiétudes pour le climat.
En tête, la droite zappe l’écologie (...)
Dans son programme, le Parti populaire (PP — droite classique), donné grand favori de l’élection par les sondages, ne présente aucun objectif climatique. Certains voient même dans les formules employées une porte ouverte à un ralentissement sur les énergies vertes. Pour la protection de l’environnement, les observateurs s’attendent à un recul. Mais la plupart des sondages estiment également qu’il aura besoin de l’accord du parti d’extrême droite Vox pour gouverner. Dans son programme, la formation appelle à abandonner l’Accord de Paris et à « suspendre toutes les normes climatiques imposées par les élites globalistes ».
Mais en dehors des institutions, le mouvement écologiste est solide en Espagne. Et influent. (...)
Dans son programme, le Parti populaire (PP — droite classique), donné grand favori de l’élection par les sondages, ne présente aucun objectif climatique. Certains voient même dans les formules employées une porte ouverte à un ralentissement sur les énergies vertes. Pour la protection de l’environnement, les observateurs s’attendent à un recul. Mais la plupart des sondages estiment également qu’il aura besoin de l’accord du parti d’extrême droite Vox pour gouverner. Dans son programme, la formation appelle à abandonner l’Accord de Paris et à « suspendre toutes les normes climatiques imposées par les élites globalistes ».
Mais en dehors des institutions, le mouvement écologiste est solide en Espagne. Et influent. (...)
« Ça n’a peut-être pas été le thème principal de la campagne, mais au moins il y a des programmes pour lutter contre ce problème. Avant, on n’en parlait même pas », se console Pilar.