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Élections au Portugal : syndrome de Stockholm et impasses démocratiques
Article mis en ligne le 6 octobre 2015

Dimanche 4 octobre, neuf millions de Portugais étaient invités à se rendre aux urnes pour les élections législatives. Alors que le pays subit lui aussi une brutale cure d’austérité, ils ont rendu un verdict difficile à interpréter, laissant planer de nombreux doutes sur la direction que vont prendre les évènements.

La droite au pouvoir, menée par Pedro Passos Coelho et Paulo Portas (PSD et CDS), arrive en tête mais perd la majorité absolue et 700 000 voix environ par rapport aux précédentes élections. Avec 38% des voix exprimées soit 104 sièges sur 230 possibles – contre 50% et 129 sièges en 2011 –, elle se retrouve en minorité au Parlement. Pour constituer un gouvernement viable, elle n’a d’autre choix que de faire alliance avec le Parti socialiste (PS). Celui-ci arrive deuxième, avec 32% soit 85 sièges, un peu plus qu’en 2011 (28% et 73 sièges).

Percée historique du Bloc de gauche

Le Bloc de gauche de Catarina Martins, équivalent du Front de gauche français, fait une percée historique, multipliant par deux son score et ses députés : 10% soit 19 sièges. Avec la Coalition démocratique unitaire (CDU), réunissant le Parti communiste portugais et les Verts – 8% et 17 sièges –, la gauche, prise dans son ensemble, est majoritaire. Le Bloc de gauche et la CDU ont d’ores et déjà proposé aux socialistes de s’allier. Le PS de António Costa espérait gagner ces élections et obtenir la majorité absolue. Il subit un revers cuisant mais demeure au centre du jeu politique : de son positionnement au centre-droit ou véritablement à gauche dépend en grande partie le futur gouvernement du pays.

Mais le premier parti du pays est celui des abstentionnistes, avec plus de quatre millions de personnes (43% des électeurs) ayant refusé de voter pour les partis en présence. C’est le taux le plus élevé depuis la Révolution des œillets en 1974.

Ce scrutin, dont les enjeux concernent autant les Portugais que l’ensemble des Européens, soulève davantage de questions qu’il n’apporte de réponses. (...)

les Portugais n’ont pas rejeté massivement les partis traditionnels au pouvoir, au contraire des Grecs avec Syriza ou des Espagnols avec Podemos. La raison de cette apparente résignation collective est à chercher du côté de l’histoire du pays – l’impact de presque un demi-siècle de dictature de Salazar entre autres – mais aussi probablement du côté de la Grèce. Le message est passé à tous ceux qui oseraient remettre en cause la doxa de la troïka : cela ne sert à rien d’élire un gouvernement anti-austérité.

Enfin, quelle valeur comportent des élections pour lesquelles quatre personnes sur dix refusent de se prononcer ? (...)