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Le Grand Continent
Écologie des banques centrales
#rechauffementclimatique #banques #BCE
Article mis en ligne le 13 février 2023
dernière modification le 12 février 2023

Dans un contexte de resserrement des politiques monétaires, comment les banques centrales peuvent-elles intervenir pour accélérer la transition environnementale ? Nous traduisons et commentons pour la première fois le discours clef d’Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE et l’une des figures les plus influentes de la politique monétaire de la zone euro.

Dans ce discours prononcé au colloque international sur l’indépendance des banques centrales à Stockholm le 10 janvier 2023, Isabel Schnabel montre combien politique monétaire et transition environnementale sont liées. En même temps, elle fait aveu de faiblesse : la politique monétaire restrictive actuelle réduit les marges de manœuvre de la banque en matière climatique.

Le sujet est en lui-même controversé, puisque de nombreux banquiers centraux considèrent que l’indépendance des banques centrales impose de ne pas se soucier directement de la transition climatique, qui doit rester du ressort des États et de leur politique budgétaire. Dans son discours, Schnabel tord le cou à cet argument et montre que la prise en compte du réchauffement climatique est nécessaire pour assurer la stabilité des prix, notamment — mais pas exclusivement — parce que, dans un monde instable où la valeur des choses change chaque jour, aucun investisseur ne souhaiterait s’engager sur des investissements « verts » à long terme. En se souciant de la transition environnementale, la BCE reste donc parfaitement dans son mandat défini par les traités et, en réalité, favorise le retour à la stabilité des prix.

Pour autant, Schnabel soutient que les moyens à disposition de la BCE sont relativement réduits dans le contexte actuel de resserrement de la politique monétaire.

Isabel Schnabel :
La transition écologique va transformer fondamentalement nos sociétés. La protection de notre planète nécessite des investissements à grande échelle sans précédent dans les innovations techniques et les énergies renouvelables afin d’amener nos économies sur la voie d’une émission nette nulle de gaz à effet de serre.

Comme le montre l’expérience des deux dernières décennies, les coûts initiaux relativement élevés de ces dépenses à forte intensité de capital sont particulièrement sensibles aux variations du coût du crédit. Les taux d’intérêt bas et en baisse ont contribué de manière mesurable à la baisse du « coût actualisé de l’électricité », ou LCOE, des énergies renouvelables. En conséquence, le coût de l’électricité produite à partir de sources renouvelables est désormais comparable, voire inférieur, à celui des centrales électriques conventionnelles. (...)