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Jean-Marie Harribey, pour Alternatives Economiques
Du travail et du salaire en temps de crise
Article mis en ligne le 18 avril 2012
dernière modification le 14 avril 2012

Beaucoup d’entre nous sont convaincus que la crise capitaliste qui sévit, depuis près de cinq ans pour sa seule phase actuelle, a, parmi ses causes essentielles, la dévalorisation de la condition salariale, pendant que les capacités d’accumulation permises par les ressources de la planète se rapprochent inexorablement de leurs limites. La mise en débat du travail fait donc partie des priorités pour inverser le cours de choses. Le sociologue et économiste Bernard Friot y contribue et, au fil de ses ouvrages, il trace un sillon original. Spécialiste reconnu de la protection sociale et de l’histoire des institutions sociales, il propose une conceptualisation susceptible à ses yeux de fournir une assise solide pour sortir du capitalisme et du modèle d’emploi que celui-ci impose. À partir de la problématique dressée dans L’enjeu des retraites[1] il y a deux ans, son dernier livre, L’enjeu du salaire[2], entend montrer qu’il faut prolonger la dynamique des institutions salariales qui contiennent la force subversive pour en finir avec la soumission du travail à la dictature de la « valeur-travail » mesurée par le temps.

L’exemple type d’institution inventée par les luttes ouvrières est la cotisation sociale qu’il convient, selon B. Friot, de généraliser en élargissant à toute la valeur ajoutée le principe de la cotisation. Ainsi, le salaire direct versé par les entreprises disparaît au profit d’une cotisation sociale qui paiera les salaires dans le secteur marchand et dans la fonction publique, et d’une cotisation économique qui financera les investissements. (...)

La cotisation sociale et la qualification personnelle « sont les deux institutions centrales du salaire construites au XXe siècle » (p. 46). Et l’auteur ajoute : « Or qualification et cotisations sont subversives des institutions centrales du capital que sont la propriété lucrative, le marché du travail, la valeur-travail et le crédit. » (p. 46). Il sera possible alors d’instituer un salaire universel.
(...)

Comme B. Friot se fixe pour objectif explicite de renouveler de fond en comble les concepts de travail, de valeur, de monnaie, etc., c’est à ce niveau théorique qu’il convient d’apprécier sa thèse. Ce que j’écris en suivant n’est pas fondé sur des certitudes mais sur les multiples questionnements que suscite la lecture d’un livre à recommander pour cerner les points de débat au sein du mouvement social.
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