Montrer que l’imprégnation de la population au glyphosate ne s’arrête pas aux portes des lieux de pouvoir et peser sur les dernières discussions qui pourraient aboutir à sa réautorisation en Europe. C’était l’objectif assumé d’une opération de communication lancée voilà plusieurs semaines par des eurodéputés belges et consistant à mesurer la présence de l’herbicide, molécule active du célèbre Roundup de Monsanto, dans l’urine d’un échantillon de leurs pairs du Parlement européen. Les résultats, rendus publics jeudi 12 mai, sont éloquents.
Sur les 48 parlementaires s’étant pliés à l’exercice – de treize nationalités et de toutes les couleurs politiques – tous présentaient une teneur détectable de glyphosate dans leur urine. A des taux souvent élevés, la moyenne étant de 1,7 microgramme par litre (µg/l), soit dix-sept fois le seuil légal toléré dans l’eau potable. Les taux de contamination les plus élevés sont plus de trente-cinq fois supérieurs à ce seuil.
La cinquantaine d’eurodéputés cobayes n’est nullement représentative de l’ensemble de la population européenne. Les Français sont très présents, avec sept députés testés, dont la teneur moyenne de glyphosate est d’environ vingt fois le seuil limite toléré dans l’eau potable. (...)
La Commission européenne conduit les dernières discussions avec les Etats membres, qui doivent voter, au cours d’un comité prévu pour les 18 et 19 mai, la remise en selle du produit en Europe. La dernière version de travail fait état d’une réautorisation de neuf ans, sans restrictions d’usage.
Pour convaincre, les eurodéputés belges devraient plutôt tenter de mettre la main sur des échantillons d’urine prélevés sur les ministres et les chefs d’Etats de l’Union. L’expérience a déjà été proposée par des eurodéputés écologistes à Jean-Claude Juncker, mais le chef de l’exécutif européen n’y a pas donné suite…