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Sud-Ouest
Dordogne : la revanche des Jacquou le Croquant de Montignac
Article mis en ligne le 11 mars 2013

Après vingt ans de combat et de procédures, la justice leur donne raison contre le syndicat d’irrigation

(...) En 1994, quand ils ont dit non et claqué la porte du Syndicat intercommunal d’irrigation de Montignac, ils étaient une quarantaine. Aujourd’hui, les Jacquou le Croquant de la vallée de la Vézère ne sont plus que six, dont une femme lourdement handicapée représentée par son tuteur. La mort, la peur des huissiers et la lassitude ont éclairci leurs rangs. Mais le dernier carré d’irréductibles a gagné. Le 26 février, dans un jugement susceptible d’être frappé d’appel mais solidement motivé, Corinne Panetta, la présidente du tribunal de grande instance de Périgueux, leur a donné raison. (...)

C’est à tort que le syndicat d’irrigation du canton de Montignac, présidé par Claude Vilatte, le maire socialiste de Saint-Amand-de-Coly, leur réclame depuis vingt ans des redevances estimées aujourd’hui à 150 000 euros ; c’est à tort qu’il leur a délivré des commandements de payer ; c’est à tort que, dans les années 1990, leurs comptes ont été saisis, le tracteur de l’un d’entre eux vendu aux enchères et l’inventaire du mobilier de leurs maisons dressé. « Ils m’ont pourri la vie pendant des années. Il y a quand même une justice, mais il faut être patient »
(...)

Il y a trente ans, l’idée d’un syndicat d’irrigation avait facilement tracé son chemin dans les 15 communes du canton. L’État finançait 80 % de l’investissement, les jeunes agriculteurs du cru ne juraient que par le maïs et le tabac. Les tuyaux avaient grimpé les coteaux de la Vézère dans l’allégresse générale. Et sans beaucoup de formalisme. Même ceux qui n’avaient nul besoin d’eau avaient souscrit un abonnement par solidarité. Sans un minimum d’hectares à irriguer, le réseau n’aurait jamais vu le jour. (...)

La situation s’est envenimée en 1993 avec le tarissement des subventions. La cotisation initiale - 75 euros par hectare et par an - a triplé pour couvrir les échéances des emprunts souscrits jusqu’en 2012. (...)

« Le combat a duré dix-huit ans. Nous étions les petits contre les puissants du coin, qui n’ont eu aucun scrupule à procéder à des saisies contre des gens démunis. Le système a bénéficié aux gros agriculteurs du secteur soutenus par le Parti socialiste », accuse Jean-Marie Monteil, le porte-parole des réfractaires, aujourd’hui officier sapeur-pompier en Corrèze.
(...)