
L’Allemagne a mis en place un plan de fin du nucléaire d’ici 2022 tandis qu’au Japon dix ans après la catastrophe de Fukushim, le nucléaire ne représente plus que 6% de la production d’électricité du pays.
Une enquête menée cette année à l’occasion des 10 ans de cette sortie du nucléaire montre que trois quarts des Allemands saluent cette décision. Deux tiers de la population interrogée s’accorde sur le risque d’utiliser cette énergie. Cela ne fait donc pas débat et il n’est pas question de revenir dessus. Le choix a été fait et l’Allemagne juge sévèrement ses voisins européens pro-nucléaires.
La moitié des Etats-membres de l’Union européenne n’ont jamais eu recours à cette énergie, c’est le cas de l’Autriche, le Luxembourg ou encore le Danemark, et d’autres comme la Belgique et l’Espagne veulent aussi en sortir. Toujours à l’occasion de ce dixième anniversaire, la ministre allemande de l’environnement, au mois de juin, considérait l’énergie nucléaire comme appartenant au passé. Elle s’inquiète de réacteurs toujours plus vétustes sur le continent dont on prolonge sans cesse la durée de vie bien au-delà des 40 ans, sans pouvoir vraiment les moderniser. C’est un danger disait-elle pour tous les citoyens européens. A la question de produire plus d’énergie nucléaire devrait d’abord être opposée la question d’augmenter la sûreté nucléaire. Cela passe forcément par les démantèlements des plus anciennes centrales, par la question du stockage des déchets qui est un sujet pour l’humanité toute entière et qui est un sujet en Allemagne qui n’a toujours pas trouvé un endroit pour le faire. Personne ne veut d’une décharge nucléaire près de chez soi.
Sortir du nucléaire représente aussi un coût, celui du démantèlement bien sûr et un coût écologique puisqu’on a souvent expliqué que l’Allemagne a dû compenser la quantité d’électricité qui n’était plus produite par le recours aux vieilles centrales au charbon. Scientifiquement et techniquement, l’Allemagne aurait dû sortir d’abord du charbon et ensuite du nucléaire. Là-dessus, presque tout le monde est d’accord. Sauf qu’il y a eu l’accident de Fukushima, que l’opinion publique allemande a été profondément choquée et politiquement, c’est la décision qui a été prise. Il a donc fallu faire avec l’existant, le gaz, le charbon, un peu de renouvelables déjà à l’époque mais pas suffisamment. Cela a conduit l’Allemagne à accélérer comme aucun autre de ces voisins ou presque sur la transition énergétique, à développer l’éolien d’abord sur terre puis en mer, ce qu’on appelle "offshore", et puis aussi beaucoup le solaire. Ce tournant a mis presque 10 ans à se faire mais désormais l’Allemagne peut aussi prétendre sortir du charbon en 2038. Peut-être même avant 2030 ou 2035 ce sera selon les choix du futur gouvernement de coalition dans lequel on devrait retrouver les écologistes et qui poussent pour une sortie plus rapide de cette vieille énergie fossile.
Au Japon, le nucléaire en rade (...)
Avant l’accident de mars 2011, l’énergie nucléaire représentait entre un quart et un tiers de la production d’électricité au Japon, elle n’est plus que 6% actuellement et le manque a été comblé essentiellement avec les centrales thermiques au charbon ou au gaz et des énergies renouvelables. Selon les plans du gouvernement, pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre, la part de l’énergie nucléaire doit remonter à 22% environ d’ici à 2030.
Le gouvernement japonais rêve de faire comme la France et décider de construire de nouvelles tranches. (...)
trois réacteurs étaient entrés en construction avant le sinistre de Fukushima et 6 autres sont en projet, mais tout est de facto gelé depuis cette catastrophe et aucune date de mise en service n’est prévue. De surcroît, la plupart des installations qui devaient permettre au Japon de maîtriser le cycle nucléaire, dont une usine de retraitement de combustible, n’ont jamais fonctionné et une partie sera même démantelée sans jamais avoir été utilisée.