Authenticités observables. Depuis son nouveau et grand musée, les touristes ne cessent d’admirer l’Acropole. Pleine saison, débordante même. “Ce n’est que grâce à la bonne période touristique et grâce aux cinquante milliards d’euros retirés des banques depuis quelques mois et placés... sous les matelas, que l’économie grecque subsiste encore ; sinon ce serait encore pire que le marasme. Bientôt cette triste vérité éclatera... et notre pays peut-être avec”. Analyse d’un économiste, joint par téléphone par les journalistes de la radio 105,5 (SYRIZA), mardi 18 août.
Athènes vit et meurt au ralenti, de nombreux commerces resteront fermés jusqu’à la semaine prochaine, en attendant... la fermeture définitive pour certains. Parmi les mesures du mémorandum III, il y a cette avance à hauteur de 100% de l’impôt des entreprises pour l’année suivante (calculé sur la base de l’exercice en cours), une mesure qui concernera tous les indépendants, exploitants agricoles compris.
Ces derniers, bénéficieront néanmoins d’une... faveur, durant cette première fois transitoire, ils n’auront que 55% de l’impôt de l’année suivante à avancer, sauf que leur gasoil ne sera plus détaxé et que le montant de leurs cotisations à la Sécurité Sociale augmentera de 43%, sans oublier cette généralisation de l’imposition à hauteur de 26% et cela, dès le premier euro... et pour tous, et donc, indépendamment des revenus (faibles ou pas).
Pour les rédacteurs de la revue politique (de gauche) “Unfollow” (numéro du mois d’août), ce mémorandum II est tout comme... un faire-part du décès de la Grèce, de sa démocratie, de sa souveraineté comme d’ailleurs de son économie. Sur internet grec, on ironise autant comme on peut sur le caractère totalitaire et concentrationnaire que ce mémorandum impose-t-il aux institutions démocratiques, au “Parlement” d’abord, en dépit hélas des (ultimes ?) efforts de résistance consentis par Zoé Konstantopoúlou. Efforts... alors payants, étant donné que la Présidente de l’Assemblée sera écartée des listes des candidats SYRIZA à la députation lors des législatives prochaines, d’après des sources de Maxímou (le Matignon) grec, citées par la presse cette semaine. (...)
En ce moment, de nombreux cadres SYRIZA, éponymes comme anonymes, démissionnent de leurs fonctions, n’attendant même pas la perspective d’un congrès d’opérette, que les... mandarins Tsipriotes veulent organiser, non pas sur la base des intervenants du congrès précédant, mais faisant appel à... une participation “renouvelée et au caractère extraordinaire”. Le plus haut responsable SYRIZA pour l’île de Rhodes par exemple a démissionné, non sans exposer publiquement son écœurement :
“Pour des raisons à la fois personnelles et politiques, je soumets ma démission de la fonction de Coordonnateur de SYRIZA pour les îles du Dodécanèse Sud, ainsi que de son comité départemental. Je ne tiens pas à attendre les évolutions au sein de SYRIZA, et encore moins son Congrès, car il s’agit d’une parodie politique comme tout est déjà prescrit par l’équipe de Maxímou (entourage de Tsipras). Et ce n’est rien d’autre finalement, que de l’intégration rapide - avec ou sans élections anticipées - de SYRIZA, au sein du bloc des forces politiques du mémorandum, celui encore... des volontaires de l’austérité et de la poursuite de la catastrophe sociale, en plus, au nom de la Gauche.” (...)
“La capitulation du gouvernement face au néolibéralisme n’était pas uniquement la conséquence du chantage exercé par la Troïka, car elle fait suite à cette ‘ligne’ politique, tactique comme stratégique de la part de la direction SYRIZA et du gouvernement, et cela, en ignorant de manière intentionnelle, le programme du parti comme ses décisions, issues des réunions et des congrès. Ainsi, le gouvernement a progressivement rejoint la logique des adversaires d’en face, celle, d’une prétendue ‘unité nationale’. Résultat, SYRIZA... affronte désormais son pire cauchemar : faire voter et ensuite faire appliquer des mémoranda, au lieu de les ‘déchirer’.”
“Ce mémorandum III s’est alors concrétisé de la pire façon, et sa signature fut alors un choix, oscillant entre le suicide et l’exécution sommaire, le tout, sous la pression d’un coup d’État économique bien singulier, d’après une logique politique planifiée par les ‘institutions’, internes comme externes, une logique en somme de la dite parenthèse d’un gouvernement de gauche”. (...)
“L’écrasante victoire ‘NON’ au référendum du 5 Juillet c’est d’abord l’héritage de la Gauche en sa qualité de force anti-systémique. Elle devrait donc préparer un plan alternatif pour nous extraire de cette situation, contre, et certainement au-delà des mémoranda et des politiques d’austérité, ayant comme seule règle énoncée devant le peuple, la vérité et la défense des intérêts des ‘gens d’en bas’. Et comme je l’espère désormais, il est temps pour tout ce monde de SYRIZA, comme pour toute la Gauche, de réaliser qu’il ne peut y avoir de politique allant dans le sens de l’intérêt commun, en concevant le cadre des créanciers ou celui, de la zone euro.”
“Les contre-mesures dites ‘de soulagement’ (argument du gouvernement) sont même impossibles à mettre en œuvre. La mutation de SYRIZA et du gouvernement illustre enfin notre échec collectif. Chacune et chacun d’entre nous tous, devrait désormais, collectivement comme sur le plan individuel prendre sa décision politique. En ce qui me concerne, je l’ai fait. C’est ‘NON’. Nikos Mavromatakos, Rhodes.” (presse locale et radio 105,5, le 18 août). (...)