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"Deux jours qui ont changé ma vie" : l’histoire d’un voyage à Calais
Article mis en ligne le 26 juillet 2020

Sol Escobar milite pour les droits des réfugiés au Royaume-Uni. Début 2019, elle s’était rendue à Calais pour prêter main forte aux bénévoles. Ce voyage l’a convaincue qu’il fallait davantage raconter les parcours des réfugiés et des migrants au grand public.

"Les histoires de réfugiés sont faites de souffrances, de difficultés, mais aussi de résilience et de succès", explique Sol Escobar, qui dirige le Cambridge assessment refugee support committee (CARSC) au Royaume-Uni.

Sol semble pleine d’énergie et d’enthousiasme quand nous la contactons lors de la Semaine des réfugiés - un événement pendant lequel elle et son équipe organisent des discussions en ligne et des forums afin que migrants et réfugiés puissent partager leurs histoires avec le grand public.

"C’est avec les échanges que vous combattez les préjugés", explique-t-elle. "Je tente de transformer ma rage et ma tristesse en action positive", explique-t-elle.

En journée, la responsable travaille pour le Cambridge assessment, un département non-enseignant de l’université de Cambridge, qui propose des examens et certificats en langues étrangères. Avec ses collègues, ils s’occupent d’un groupe de soutien aux réfugiés au sein du département et, sont aussi bénévoles quelques heures par semaine pour des organisations caritatives de la ville. (...)

"Un ascenseur émotionnel"

Le comité de soutien aux réfugiés a été créé l’an dernier par Sol quelques jours avant la Semaine des réfugiés. L’idée lui est venue début 2019 lors d’un voyage à Calais, dans le nord de la France.

Elle part alors en tant que bénévole pour l’ONG Cambridge convoy refugee action group (CAMCRAG), qui aide notamment les migrants dans la région, et tri des produits dans un entrepôt de Calais. Cette expérience a été un tournant. "J’ai vécu mon retour en Angleterre comme un ascenseur émotionnel. (...)

Pendant la Refugee week, le comité de soutien a diffusé un documentaire, racontant l’histoire d’Ayman, un jeune homme de Syrie, qui a fini par arriver clandestinement au Royaume Uni caché à l’intérieur d’une valise dans une voiture. Cela faisait 13 mois qu’il essayait en vain de quitter Calais en sautant sur des trains, en s’accrochant à des camions ou en sautant sur des bateaux.

Ce sont des histoires comme celle d’Ayman qui ont poussé Sol Escobar à diffuser son message.

Elle est toujours bénévole à Calais. Toutes les six semaines, elle suit un convoi qui quitte Cambridge "le vendredi soir après le travail et revient le dimanche". "Parfois, nous sommes une dizaines, parfois une trentaine." Le groupe se voit comme un soutien qui permet de soulager les "bénévoles de longue durée" à Calais.

Là aussi, le confinement dû au coronavirus a interrompu les voyages, mais Sol espère qu’ils reprendront en septemb (...)

Sol Escobar est originaire d’Uruguay et se décrit comme la "définition parfaite d’une migrante économique". Elle a vécu dans cinq pays et parle six langues.

Sol estime être un bon exemple qui témoigne de la différence de traitement entre migrants selon leur pays d’origine.

"Personne ne me demande jamais pourquoi je ne suis pas resté dans le premier pays dans lesquels j’ai vécu", ironise-t-elle. Elle estime qu’elle le doit au fait d’être blanche et de "ressembler" à une Européenne, d’avoir fait carrière, d’avoir pu faire des études au Royaume-Uni.

"Beaucoup de réfugiés et de migrants que j’ai pu rencontrer ont davantage de diplômes que moi", note-t-elle.

Sol voudrait que l’intégration ne soit pas une voie à sens unique, dans laquelle seuls les migrants apprendraient de leur nouveau pays d’accueil.