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Des petits barrages hydroélectriques, écolos et rentables, pour produire une électricité de proximité
Article mis en ligne le 13 mars 2017
dernière modification le 10 mars 2017

Deux-mille petits barrages hydroélectriques sont abandonnés en France, depuis la domination de l’électricité nucléaire. Ercisol, une société à statuts coopératifs, a décidé d’investir dans ces énergies renouvelables de proximité et de réhabiliter plusieurs barrages dans les Vosges, tout en limitant au maximum les contraintes pesant sur l’environnement des rivières. Un seul de ces barrages peut alimenter en électricité un village de quelques centaines d’habitants.

À Raon-l’Etape, cité vosgienne au milieu des forêts, coule la Meurthe. Une situation géographique propice au développement de l’industrie du papier. Dans cette petite ville de 6400 habitants, il a existé jusqu’à trois papeteries, dont une a cessé son activité il y a peu. Il y a encore une trentaine d’années, ces industries utilisaient l’eau de la Meurthe pour s’alimenter en énergie. Puis le nucléaire est arrivé, et les petits barrages hydroélectriques ont été abandonnés. « Hyper subventionnée, l’électricité nucléaire était beaucoup moins chère. L’État a volontairement tué les petites centrales hydroélectriques », déplore Jean-Paul François. Farouchement opposé au nucléaire et mû par l’envie de laisser un environnement sain à ses petits-enfants, ce professeur d’électro-technique fraîchement retraité s’est lancé dans la reconquête des petits barrages.

Pour cela, il rejoint en 2014 Ercisol, une société fondée en 2010 par 35 associés qui se sont donnés pour objectif de développer des projets citoyens d’énergie renouvelable. (...)

« Je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse faire autant si rapidement »

Chaque projet est soigneusement sélectionné : il doit être rentable, concourir au développement des énergies renouvelables décentralisées, sa mise en œuvre doit limiter au maximum les impacts négatifs sur l’environnement et favoriser les emplois locaux non délocalisables. Pour chaque projet, Ercisol crée une filiale afin de rassurer les banques qui lui prêtent de l’argent, d’offrir une transparence sur les financements, et encourage ses actionnaires locaux à investir dans le projet.

Ercisol compte aujourd’hui 161 associés et gère deux petites centrales photovoltaïques dans le Territoire de Belfort et dans le Bas-Rhin, ainsi qu’un barrage hydroélectrique dans les Vosges. Trois autres projets de barrages sont en cours de réalisation, dont celui de Raon-l’Etape. Ercisol prévoit également de participer au financement de petites fermes éoliennes. (...)

Un barrage qui laisse passer poissons et canoës (...)

Conformément à leurs aspirations environnementales, les membres d’Ercisol tiennent à limiter au maximum les impacts sur la nature : le barrage est doté d’une passe à poissons, d’un passage pour canoës et d’un système laissant circuler les sédiments afin de ne pas perturber le milieu aquatique en aval. Après une année de travaux, l’édifice est prêt : avec une puissance de 400 kW, il présente la même puissance que son aïeul, mais il est doté de toutes les technologies modernes pour la télégestion et s’intègre mieux dans son environnement. (...)

Chaque filiale est rentable dès la première année. Comme elles n’ont pas vocation à se développer, les bénéfices sont distribués chaque année aux associés. Les gains d’Ercisol avec HydroRaon seront réinvestis dans des projets de sensibilisation à la réduction des consommations énergétiques et dans de nouveaux projets d’énergies renouvelables (hydroélectricité, biogaz, éoliennes). Les centaines de petits actionnaires d’Ercisol devraient quant à eux recevoir des dividendes d’ici une dizaine d’années, de l’ordre de 4 %.
2000 petits barrages hydroélectriques à l’abandon

Environ 2000 petits barrages hydroélectriques sont aujourd’hui à l’abandon en France. Avec l’augmentation inévitable du prix de l’électricité nucléaire et les objectifs d’énergies renouvelables pour les années à venir, il y a un regain d’intérêt pour ces infrastructures. Cependant, la plupart de ces barrages présentent des hauteurs d’eau insuffisantes pour être rentables (...)