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Des milliers de chats et chiens sont abandonnés dans toute la France chaque été. À la SPA, les box sont saturés...
Les adoptions sont rares, mais une poignée de personnes continuent à les sauver.
Article mis en ligne le 11 août 2022

Rarement la Société protectrice des animaux (SPA) n’avait connu pareille saison estivale. Dans les soixante-trois refuges qui parsèment le territoire, partout le constat est le même : les abandons explosent et les adoptions sont en chute libre. Déjà plus de 12 000 animaux ont été recueillis depuis le début de l’été, pour une capacité d’accueil de 7 000 pensionnaires.

« On est complètement saturé », alerte Emma Goulard, salariée du refuge de Gennevilliers-Grammont, aux portes de Paris. En temps normal, l’établissement héberge quatre-vingts chiens et un peu plus d’une centaine de chats. Aujourd’hui, il en compte respectivement 111 et 186. « On essaie de libérer autant d’espace que possible, à droite à gauche, y compris dans les bureaux », poursuit la jeune femme, le souffle saccadé, en nettoyant une cage. Sur son front perlent des gouttes de sueur. « À un moment, on n’aura plus d’autre choix. Il faudra stopper les entrées... » (...)

Dans les coulisses du refuge se joue une véritable course contre la montre. Et pour cause : quand un animal errant est retrouvé sur la voie publique, il est placé en fourrière pour un délai légal de huit jours ouvrés, afin de s’assurer qu’aucun propriétaire ne se manifeste. Une fois cette période écoulée, l’animal est considéré comme abandonné et peut être placé auprès d’associations compétentes, comme la SPA. « Comme nous sommes saturés, nous devons en refuser certains, détaille Julie Rojo, la cheffe d’équipe. La fourrière risque alors de les euthanasier pour libérer des box, afin d’accueillir les nouveaux arrivants n’ayant pas encore atteint leur délai légal. »
Un refuge aux allures de prison

Cette multiplication des abandons au cœur de l’été a une explication simple : « Certaines personnes redoublent d’imagination pour justifier leur choix, mais lorsqu’on creuse un peu, on comprend qu’ils sont pressés de se débarrasser de leur animal pour partir en vacances », dit Julie Rojo, qui coordonne les vingt-cinq salariés du refuge. Un acte aux conséquences tragiques pour le bien-être de ces petites bêtes : « On fait de notre mieux pour améliorer leur quotidien, on essaie de les promener une fois par jour dans le parc public à deux pas d’ici. Mais il ne faut pas être naïf : certains chiens vivent très mal l’enfermement. »

Passé l’accueil aux murs colorés, se dévoile une atmosphère bien moins chaleureuse. Les chiens sont enfermés dans de petites cages sans âme. Ils ont pour seul horizon un grillage argenté, que le soleil écrasant n’a de cesse de faire scintiller. Leurs coussinets reposent sur une dalle de béton. Des tuyaux d’arrosage, placés sur le toit, ont été transformés en brumisateurs, indispensables avec la canicule. Il y a quelques jours, un chien a frôlé le malaise. Heureusement, les agents animaliers et le vétérinaire veillent au grain. (...)

Une prison dont la durée de séjour est inconnue. Le plus souvent les chats sont adoptés assez rapidement. Pour les chiens, c’est une autre histoire. (...)