
Environ 200 réfugiés ont protesté dans les environs du village grec d’Idomeni, samedi 12 mars à la mi-journée. Plus de 14 000 personnes y réclament l’ouverture de la frontière avec la Macédoine, « complètement » fermée depuis une semaine. Les migrants, qui transitent par ce pays non-membre de l’Union européenne (UE) pour se rendre dans les pays du nord de l’Europe sont bloqués en Grèce.
Samedi, des Syriens et des Irakiens accompagnés de leurs enfants se sont assis ou allongés sur la voie ferrée frontalière, scandant « Open the border ! » (« Ouvrez la frontière ! »), selon un photographe de l’Agence France presse. Nazim Serhan, un Syrien de 44 ans, a lui entamé une grève de la faim devant sa tente. Il voyage avec ses trois enfants et veut rejoindre sa femme, atteinte d’un cancer, et son quatrième enfant qui sont en Allemagne. « Je veux la voir, juste pour un jour », a-t-il dit aux médias à Idomeni.
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Quelques heures après la fin du mouvement de protestation, l’artiste chinois dissident Ai Weiwei, qui a multiplié ces derniers mois les initiatives en faveur des réfugiés et pour dénoncer la politique européenne en la matière, a organisé un concert symbolique dans les champs où campent les réfugiés. Nour Alkhzam, 24 ans, une Syrienne qui en raison de la guerre n’a pas vu son mari depuis un an et demi, a joué pendant vingt minutes sous la pluie un petit morceau sur un grand piano blanc installé par Ai Weiwei. (...)
Conditions d’hygiène déplorables
Le vice-ministre grec de la défense Dimitris Vitsas, chargé de la coordination du flux migratoire, a déclaré samedi espérer que la situation à Idomeni s’améliore « d’ici à une semaine, sans recours à la force ». Dans des déclarations faites à la télévision Mega, M. Vitsas a souligné que le gouvernement essayerait « de convaincre » les réfugiés d’« aller s’installer dans des centres d’accueil » mis en place ailleurs en Grèce. Des feuilles volantes en arabe, pachto et farsi ont été distribuées aux réfugiés, les appelant à « coopérer avec les autorités pour être transférés dans des centres d’accueil ». (...)
Quelque 12 000 migrants et réfugiés s’entassent actuellement dans le camp d’Idomeni, d’après les données officielles rendues publiques samedi tandis que des milliers campent dans les champs alentours. Les conditions d’hygiène sont particulièrement mauvaises. (...)
Les 17 et 18 mars, les dirigeants européens se retrouvent pour un nouveau conseil « spécial migrants ». Ils doivent discuter du plan proposé le 7 mars par la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre turc Ahmet Davutoglu. Pour mettre un terme à la crise migratoire en Europe, il prévoit de renvoyer massivement des Syriens déjà présents dans les îles grecques, y compris certains qui y auraient déjà déposé une demande d’asile, vers la Turquie. Puis, sur la base « d’un Syrien admis pour un Syrien expulsé », d’acheminer ceux qui sont dans des camps en Turquie directement vers l’Europe.
Un projet qui pose des questions de conformité avec le droit communautaire, et dénoncé de vive voix par l’ONG Amnesty International, qui a publié une lettre ouverte à François Hollande, l’exhortant à « renoncer à signer cet accord » qui « déshonorerait » la France et l’Union européenne.