
Les protestations contre les implantations d’antennes-relais se multiplient dans toute la France. Mêlant action de terrain et recours juridiques, elles font parfois reculer les opérateurs de téléphonie.
(...) Les protestations contre les implantations d’antennes-relais se multiplient dans toute la France. Mêlant action de terrain et recours juridiques, elles font parfois reculer les opérateurs de téléphonie. (...)
Pas facile de contacter les militants contre les antennes-relais, a fortiori lorsqu’ils vivent dans une zone blanche qu’ils entendent farouchement protéger. Nous sommes en Bretagne, au cœur des monts d’Arrée. Depuis trois ans, les habitants du village de Saint-Cadou et des alentours se battent contre l’installation d’une antenne de l’opérateur Free. Réunis au sein de l’association Kurun — « tonnerre » en breton —, ils ont multiplié les recours juridiques, les interpellations publiques et les coups médiatiques, comme l’installation de deux cabines téléphoniques à l’ancienne au cœur du village. « C’est pour faire plaisir à ceux qui disent que sans antenne, on ne pourra pas appeler les secours en cas d’urgence », raconte une membre de l’association.
En dépit de la mobilisation, les bûcherons sont arrivés le 16 novembre dernier pour abattre des arbres avant les travaux. Les membres de l’association se sont alors interposés physiquement, déployant des banderoles et grimpant dans les arbres, comme on peut le voir sur leur vidéo. Une mobilisation victorieuse : les travaux ont été temporairement stoppés. « On a été étonnés de parvenir à les faire reculer car on ne s’attendait pas à ce qu’autant de personnes viennent en plein confinement, » raconte une militante à Reporterre. « Beaucoup de gens vivent ici pour bénéficier de cette zone préservée. Des électrosensibles nous ont même contactés pour savoir s’il y avait des terrains où s’installer. Et puis, surtout, les gens ne sont pas forcément opposés aux antennes, mais ils ont l’impression que les industriels auront tous les droits et qu’il ne nous en restera aucun ! »Gratuité et sécurité sanitaire des protections menstruelles (...)
S’opposer à l’implantation d’antennes-relais s’avère très compliqué. Les maires, par exemple, ne disposent quasiment d’aucun pouvoir et ne peuvent pas réellement demander un moratoire (...)
En dépit des contestations, les travaux ont commencé le 4 janvier dernier. Prévenus par des riverains, une quinzaine d’opposants sont venus dès huit heures du matin bloquer l’entrée du chantier : les ouvriers sont repartis quelques heures plus tard après un constat d’huissier. « C’est une victoire pour nous », explique Renaud de Bellefon, membre de France Nature Environnement 65 et de l’association La Voix verte. « D’autant qu’on n’est pas totalement en zone blanche. Certes, il y a peut-être des gens qui ont envie d’avoir une antenne. Mais à quel coût ? Celui d’une destruction des paysages pour satisfaire quelques personnes ? » (...)
Contacté par Reporterre, Orange assure prendre en compte « l’opposition à son projet de création d’un nouveau relais mobile à Bagnères-de-Bigorre et a décidé de suspendre les travaux sur les allées Maintenon ». L’opérateur explique vouloir travailler en concertation avec les élus pour « trouver un emplacement alternatif (…) pouvant répondre aux objectifs de couverture attendue ».
La grogne monte dans toute la France
Atteinte au paysage, absence de concertation locale, inquiétudes sur les effets sanitaires : de nombreux collectifs et associations se sont créés dans toute la France ces derniers mois pour lutter contre l’installation d’antennes-relais. Et les exemples se multiplient dans la presse locale. (...)
Les édiles locaux s’emparent parfois du sujet, comme à Arleux (Nord), où un conseiller municipal d’opposition a formé un recours auprès du tribunal administratif. En Ardèche, des habitants de Mercuer réclament un moratoire.
Mais cette résistance, plus visible qu’auparavant, n’est pas nouvelle, selon Orange : « Nous ne pouvons pas affirmer que ce phénomène soit en augmentation. Ces derniers temps, ces oppositions ont été plus médiatisées avec l’arrivée de la 5G, qui est devenue un sujet politique. »
Le nouveau réseau suscite également de fortes inquiétudes auprès de la population ainsi que de certaines autorités environnementales. Des craintes auxquelles ni l’État ni les opérateurs de téléphonie n’ont apporté de réponses satisfaisantes.