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Basta !
Des citoyens protègent la qualité de l’eau potable grâce à l’agriculture bio
Article mis en ligne le 10 avril 2015
dernière modification le 2 avril 2015

Soutenir une agriculture respectueuse de l’environnement et protéger l’eau. A Agy, dans le Calvados, la fondation Terre de liens, aidée par l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, a acquis 4,4 hectares. Ces terres seront louées à un éleveur bio, qui n’utilise ni pesticides ni engrais chimiques, ce qui protègera des pollutions les réserves d’eau potable. Une action parmi d’autres de l’association Terre de Liens qui propose aux citoyens de défendre la terre comme un bien commun. Et de favoriser aussi une autre agriculture, génératrice d’emplois, d’autonomie alimentaire et de liens sociaux. Terre de Liens explique ici son initiative.

A Agy, près de Bayeux, dans le Calvados, un agriculteur bio apprend la vente de 4,4 hectares. Des terres situées à proximité d’un captage d’eau potable d’une réserve qui alimente quotidiennement un peu plus de 1000 habitants. Sur ces terres, les pratiques agricoles sont regardées de près : gourmande en fertilisants chimiques et autres produits phytosanitaires, l’agriculture conventionnelle est la première responsable des pollutions diffuses de notre eau. 54 milliards d’euros sont ainsi dépensés chaque année en France pour assurer la dépollution des produits phytosanitaires utilisés par les agriculteurs [1]. Soit l’équivalent du budget de la Politique Agricole Commune de l’Union Européenne pour soutenir la productivité de son agriculture ! Pourtant, l’agriculture pourrait être à la base d’un tout autre développement local soutenable, générateur d’emplois, de liens sociaux locaux... et protecteur des ressources en eau.

François Divay, l’éleveur laitier bio d’Agy, est intéressé pour cultiver ces parcelles. Il pourrait y produire du foin de qualité et ainsi assurer l’alimentation de son troupeau de vaches laitières : des animaux nourris avec une herbe produite quasi-exclusivement sur sa ferme. Cela lui éviterait d’avoir à importer des fourrages et compléments alimentaires dont les agriculteurs conventionnels sont coutumiers. Autre motivation : il deviendrait acteur direct de la protection des ressources en eau de son territoire. (...)

Sur sa route, François Divay croise l’association Terre de Liens. Créée en 2003 autour de la question du foncier agricole, Terre de Liens propose aux citoyens de s’impliquer dans la préservation des terres agricoles, dans l’installation d’agriculteurs en bio, le développement d’une économie alimentaire en filière courte – et maintenant, la protection durable de nos ressources en eau. L’objectif ? Faire de la terre agricole un bien commun [2]. Pour Terre de Liens, la terre est une ressource fragile et limitée. Renouvelable sur un temps long incompatible avec des pratiques de culture dictées par la rentabilité de la terre à court terme, la terre agricole doit maintenant être protégée par chaque citoyen. (...)

l’association propose aux citoyens d’agir concrètement pour favoriser l’accès des agriculteurs bio à cette terre agricole très convoitée, et ainsi soutenir un autre développement agricole et alimentaire localement.
Quand les citoyens bousculent la gouvernance foncière

Deux moyens sont mis à disposition du citoyen par Terre de Liens : la Foncière et la Fondation. La Foncière offre la possibilité d’effectuer un investissement solidaire dans l’économie agricole de proximité. Reconnue d’utilité publique, la Fondation recueille les dons. Grâce à l’engagement des citoyens, les deux structures visent un même objectif : acquérir des terres agricoles afin de faciliter l’installation d’agriculteurs biologiques. Sans l’aide de Terre de Liens, ces agriculteurs auraient eu bien plus de difficultés à s’installer. D’autres n’y seraient pas parvenus..
(...)

la Fondation Terre de Liens est soutenue par l’Agence de l’Eau Seine-Normandie (AESN), acteur privé sous délégation de service public, chargé de la protection globale de l’eau. L’AESN a pour mission de financer les actions de protection des ressources en eau et de lutte contre les pollutions. (...)

Aujourd’hui, les investisseurs conventionnels (à but lucratif) ne prêtent qu’à des sociétés où le gain financier de court terme et sécurisé constitue leur principale motivation. L’action proposée par Terre de Liens consiste a contrario à inventer une nouvelle sorte d’investisseurs et de donateurs : des habitants soucieux de participer à l’aménagement de leur territoire de vie en créant les conditions d’un autre approvisionnement alimentaire. Quitter les fers et menottes du vulgaire « consommateur » qui leur sont quotidiennement passés.

Comment ? En s’alliant les uns aux autres, et en devenant des « citoyens aménageurs de leurs territoires » par le biais de leurs achats alimentaires. Manger devient un acte d’investissement dans le mieux-être individuel, collectif et environnemental. En échange ? Pas d’intérêt financier mais des paysans nombreux, en tous lieux, une nourriture saine, frais et de proximité, et une eau assainie et protégée par une autre économie alimentaire et agricole. Bref, de l’investissement dans l’économie réelle, avec une forte utilité sociale, environnementale et économique. Et des liens entre acteurs locaux, pour des satisfaction individuelles et collectives en chaîne...

Terre de Liens appelle donc à démultiplier, densifier et diversifier ce nouveau mouvement social porteur de cette « citoyenneté économique » (...)