
« Monsieur le Ministre de l’Intérieur,
En Belgique, le 20 novembre, un étudiant demandait au Président de la République pourquoi la France était le seul pays à utiliser des grenades contre sa population. Emmanuel Macron lui répliquait vertement qu’il disait « n’importe quoi ».
Pourtant, à ce jour, rien n’est plus vrai que la remarque de cet étudiant. La France est en effet le seul pays de l’Union européenne à utiliser des grenades GLI-F4, relevant de la catégorie des armes à feu, dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre.
Cette spécificité française, a été affirmée sans détour dans un rapport commun de l’IGPN et de l’IGGN dès 2014, que le Président de la République fait aujourd’hui mine d’oublier : « L’étude d’exemples pris dans les pays voisins a permis de confirmer la spécificité française, seule nation d’Europe à utiliser des munitions explosives en opération de maintien de l’ordre (...). »
Et dans les faits, des grenades explosives, et plus particulièrement la GLI-F4, grenade lacrymogène instantanée qui comporte une charge explosive de 25 grammes de TNT, sont bien utilisées en France contre les foules, et ce malgré le risque de blessures mortelles identifié par le rapport.
(...) Alors que depuis 2016, tant le Défenseur des droits que l’Association chrétienne pour l’abolition de la torture (ACAT) tirent le signal d’alarme quant au recours à ces armes à feu, l’Etat persiste à recourir massivement à ces grenades explosives au risque assumé de mutiler voire de tuer.
A l’approche de la mobilisation du samedi 1er décembre à laquelle l’Etat a prévu de répondre par un dispositif de sécurité hors norme, nous, avocats de personnes blessées, demandons instamment à ce qu’il soit renoncé à l’usage de ces armes avant qu’un mort ne vienne justifier son interdiction.