
Le bidonville de Nanterre n’est plus. Mardi 29 juillet 2014, à 6 heures du matin, les flics ont débarqué pour demander aux 200 personnes qui résidaient sur ce terre-plein près de l’université de partir. Ils ont eu une heure pour regrouper leurs affaires et prendre le large.
(...)
Les raisons que les autorités fournissent pour expliquer cette expulsion éclaire s’inscrivent dans une nouvelle forme de racisme à l’encontre des Roms.
Depuis 2010 et le discours de Grenoble tenu par Nicolas Sarkozy, les Romophobes ne se cachent plus pour tenir des propos révoltants. Ce que nous regrettons, c’est que cette haine s’exprime à Nanterre, lieu historique des bidonvilles franciliens.
Aujourd’hui, nous espérons une réponse sociale pour améliorer la situation de ces familles qui, pour la plupart, sont d’origine roumaine, et donc européenne depuis 2007. (...)
Tout à commencé à la fin du mois de mai. Un ami, travailleur et syndicaliste de l’université, est passé sur son trajet quotidien vers la fac devant l’emplacement du bidonville. Il m’en a parlé et je l’ai suivi. Les liens se sont noués très vite et nous avons été invités à un barbecue avec les habitants.
Ce jour-là, étudiants, voisins, travailleurs de l’université de Nanterre, nous avons pris conscience que ces Roms parqués dans des cabanes faites de tôles et de planches de bois risquaient l’expulsion. Ils nous ont brandi sous les yeux leur citation à comparaître devant le tribunal de grande instance de Nanterre. Ils le savaient, leur temps était compté et trois jours seulement pour préparer leur défense.
Nous nous devions de leur venir en aide. Pendant un mois, nous avons enchaîné les veilles de nuits, les aides, les coups de fils aux diverses associations et autres sollicitations. Notre soutien leur a donné un peu d’espoir et l’envie de se battre pour obtenir des droits.
Ces "Roms" voulaient vivre tranquillement
Progressivement, ils ont pris leur marque sur ce territoire. Ils ont construit leurs baraques, ont mis en place un système sanitaire, ont réussi à avoir de l’eau courante. Mais leur présence dérangeait au plus haut point la mairie et l’État, et leur grand projet d’aménagement des berges de la Seine (réalisé par l’Epadesa).
(...)
Malheureusement, je crains que le maire de la ville ne les aide pas, ni le gouvernement. L’action des pouvoirs publics envers eux se résume à l’expulsion, de même qu’à la non-reconnaissance de leurs droits.