Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Des Anonymous anti-nucléaires ont été jugés à Nancy
Article mis en ligne le 13 novembre 2015

Le tribunal de Nancy a jugé, en début de semaine, trois militants Anonymous accusés d’avoir bloqué temporairement l’accès aux sites Internet d’institutions pronucléaires. Cherchant à éviter l’écueil du procès politique, le parquet a requis une peine de prison avec sursis « symbolique et de principe ».

(...) Les actions jugées dont sont accusés les trois hommes ont été réalisées fin 2014 et début 2015 dans le cadre de l’opGPII, une opération Anonymous contre les grands projets inutiles et imposés. Ces actions avaient pour cible l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), le conseil départemental de la Meuse et le conseil régional de Lorraine, afin de protester contre le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure, et contre le ministère de la Défense, en réponse à la mort de Rémi Fraisse à Sivens en octobre 2014. Selon la loi, les prévenus risquaient pour ces faits jusqu’à dix ans de prison et 150.000 euros d’amende.
« Créer artificiellement un caractère de gravité »

Devant une cour exclusivement féminine, un masque d’Anonymous sous scellés trônait à coté de deux épais volumes du code pénal. Tout un symbole : faire entrer les « hacktions » incriminées dans un cadre juridique approprié allait vite relever de la quadrature du cercle. (...)

La nature même des actions a donné lieu à de vifs débats : « On vous brosse un tableau juridique très sombre, a résumé Stéphane Vallée. Avec neuf infractions (pour au moins l’un des prévenus) et la possibilité de dix ans de prison, on peut imaginer qu’il s’agit de piratage informatique de haut vol. Mais le DDoS, c’est presque le niveau zéro du hack. Alors, pourquoi faire naitre cette confusion ? » Boby a estimé que « ces moyens sont à reconsidérer dans leur impact réel : il n’ y a pas eu vol de données ».
« Une nouvelle façon de manifester »

Souvent comparées à des « sit-in numériques », ces actions de blocage informatique temporaire peuvent-elles être considérées comme la version dématérialisée d’un blocage géographique (d’usine, de ministère…) ? (...)

Le ministère public a bien tenté d’évacuer la portée politique des actions mises en cause et du procès, mais celle-ci s’est immiscée crescendo dans les débats . « Si, dans dix ans, on décrète que l’enfouissement des déchets nucléaires est dangereux, on reconnaitra ce combat comme légitime a posteriori », a jugé Me Peirera. « Peu importe, ici, le mobile citoyen ou politique qui sous-tend ces actions, a estimé la procureure, l’infraction est caractérisée ». Pourtant, elle a requis une « peine symbolique et de principe » (...)

« Attaquez-vous aux menaces sérieuses, pas aux militants écolos et aux lanceurs d’alerte », a lancé Étienne Ambroselli en direction de la cour dans une diatribe enflammée, avant de laisser Boby déclamer un poème de son cru fustigeant le nucléaire. L’audience a pris fin sous un tonnerre d’applaudissements. Mis en délibéré, le jugement sera rendu le 23 novembre.