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Libération
« Depuis la rentrée, j’ai deux, trois élèves absents à chaque cours »
De l’école à la fac, l’épidémie de coronavirus secoue comme un cocotier. Dans cette nouvelle chronique, Libé recueille des bouts de vie de l’intérieur, derrière les murs des écoles. Des paroles de profs, d’élèves, d’infirmière scolaire, de parents… Qui, au fil des semaines, vont dépeindre par petites touches cette année 2020-2021, forcément à part.
Article mis en ligne le 18 septembre 2020

Aujourd’hui, Christophe Frediani, professeur de maths au lycée à Gaillac (Tarn), syndiqué au Snes-FSU, qui s’inquiète pour ces élèves absents dont personne ne parle.

« Depuis la rentrée, j’ai deux, trois parfois quatre élèves absents à chaque cours. Ce qui n’arrive jamais, surtout les premières semaines. Je ne sais pas où ils sont, ce qu’ils ont. Sont-ils malades ? Cas contacts ? Suspicion en attente des résultats de test ? Je n’en sais rien, aucune information claire ne nous est donnée, au nom du secret médical.
(...)

« C’est très cynique. Le problème est nié, comme s’il n’existait pas. Le ministère communique sur le nombre de classes qui ferment à cause du Covid, mais ce chiffre des absents, de ces élèves invisibles, est tu. Or, pour moi, le plus problématique est justement cette situation hybride, avec des élèves qui commencent l’année en pointillé, et ces retards qui vont s’accumuler au fil des semaines. (...)

« Comment peut-on faire comme si de rien n’était ? En tant qu’enseignant, on n’a reçu aucune consigne. Rien. L’un de mes terminales n’est pas là depuis quinze jours. A raison de six heures par semaine, vous imaginez le retard qu’il prend ? C’est énorme. Je lui ai envoyé les cours en PDF, mais c’est nul. C’est juste pour me donner bonne conscience, comment voulez-vous qu’il puisse s’en sortir ? Surtout que pendant ce temps, en classe, on fonce à un rythme élevé. Bien plus soutenu que quand toute la classe était en distanciel au printemps. Je n’ai pas le choix, de toute façon. Avec le nouveau bac, le programme en maths est plus lourd que jamais. Sans compter le retard pris l’année dernière avec le confinement. A la différence des écoles et collèges, les cours au lycée n’ont pas vraiment repris en juin. Tous les élèves ont perdu des réflexes, qu’il faut retrouver vite : les épreuves de spécialité du nouveau bac se déroulent en mars. (...)