
A l’occasion de l’élection présidentielle, plusieurs organisations du monde agricole et du bio lancent un appel pour que les alternatives en matière d’agriculture soient reconnues et soutenues par les politiques, face à une agro-industrie destructrice qui tente de verdir son discours.
À la crise globale du système économique, financier et démocratique, s’ajoutent des crises structurelles tout aussi décisives pour notre avenir. Il en va ainsi du modèle agricole « champion toutes catégories » des soutiens publics, qui ne tient que par un rapport de force régulièrement réaffirmé du syndicat agricole majoritaire sur le monde politique. Sa méthode consiste à privatiser les profits et à collectiviser les coûts : pollution eau, sol, air, enjeux sanitaires... Pour ce faire, il lui faut en permanence relégitimer et notamment « verdir » ses propositions à grands renforts de communication.
À l’orée de la présidentielle et de la réforme de la PAC en 2013, nous voilà avec des oxymores douteux (« agriculture écologiquement intensive ») et de nouveaux « ambassadeurs du développement durable », produits des dispositifs publics censés amener l’agriculture vers une certification environnementale… À côté de cela, les acteurs industriels de la filière intensifient les pressions pour les biotechnologies végétales et osent prétendre que l’industrie des pesticides s’engage pour une agriculture durable. (...)
Bref, ils communiquent pour continuer comme avant et préparer « l’avenir ». Les solutions proposées (OGM, agrocarburants, bioplastiques…) sont au service de la financiarisation de la production agricole, au détriment de l’humain – 20 % d’emploi perdus sur les exploitations agricoles et presque 10 % dans l’agro-industrie ces dix dernières années. Est-cela l’alternative ? Tout changer pour que rien ne change ? (...)
pas plus qu’on ne peut durablement produire en considérant l’environnement comme facteur de production gratuit, on ne peut s’obstiner à le faire au détriment du corps social en le considérant comme un facteur inerte d’absorption de la production.
Alors que l’ère de la démesure révèle tous les jours sa force destructrice, les agricultures alternatives sont devenues des évidences pour bien des consommateurs, pour les associations qui les portent et les nombreux élus locaux soucieux de la vitalité et de l’attractivité du monde rural. Beaucoup d’agriculteurs, par-delà leurs organisations d’appartenance, manifestent leur intérêt pour ces pratiques (...)