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Jean-Marie Harribey, pour Alternatives Economiques
Déficits, retraites, la mégamachine libérale est repartie…
Article mis en ligne le 22 mai 2013

Ça bruisse de partout : puisque les déficits publics sont énormes, puisque les retraites en constituent une part appelée encore à s’accroître, la machine à broyer le social a été réenclenchée, si tant qu’elle se fût jamais arrêtée depuis quarante ans.

L’INSEE a beau publier que l’économie s’enfonce (deux chutes de PIB de 0,2 % en deux trimestres consécutifs : le 4e de 2012 et le 1er de 2013), rien n’y fait : « La France doit réformer à sa manière mais elle doit réformer » titre l’éditorial du Monde du 16 mai 2013, juste en dessous de l’annonce de récession…

Les retraites sont la cible de choix : « Est-ce que, comme président de la République, je peux laisser 20 milliards d’euros de déficit en 2020 ? » a demandé François Hollande dans sa conférence de presse du 16 mai. Et de conclure : « Dès lors que l’on vit plus longtemps, on devra travailler aussi un peu plus longtemps ». Ce n’est plus seulement hypocrite, c’est plus que de l’ignorance, c’est trivial pour ne pas dire bestial. Parce que cela fait partie de l’allégeance faite à la Commission européenne – les réformes « structurelles » – afin d’obtenir un délai de deux ans pour avaler la potion amère de la résorption des déficits. Derrière cette allégeance, il y en a une autre qui est celle à l’égard de la classe bourgeoise dans son ensemble et de ses représentants du Medef qui viennent d’arracher aux syndicats et d’imposer au parlement un accord sur l’emploi augmentant la flexibilité au détriment de la sécurité du travail. (...)

C’est l’État (ou, de manière générale, la collectivité) qui est le point de départ et le point d’arrivée du circuit économique. Le point de départ parce que c’est lui qui institue la monnaie, qui la déclare légale et acceptable par tous, et c’est donc lui qui va impulser l’amorçage de la pompe monétaire. Une fois amorcée, la demande de monnaie de la part de l’ensemble de l’économie va engendrer le crédit accordé par tout le système bancaire. L’État est aussi le point d’arrivée car c’est lui qui va pouvoir réguler l’ensemble pour éviter les cahots (chaos) dans un sens ou dans l’autre. Ainsi, il ouvre et clôt le circuit de l’économie.

Que se passerait-il dans d’autres cas de figure ? Si le budget de l’État est équilibré, soit on a un déficit commercial extérieur et une insuffisance de l’épargne nationale par rapport au flux de crédit bancaire (l’étranger finance alors l’économie nationale), soit on a le cas symétrique de l’excédent commercial et de l’excès d’épargne nationale (l’économie nationale finance l’extérieur). Ces deux cas sont intenables à long terme. (...)

Que préfère-t-on ? Que la création monétaire soit destinée à la spéculation et maîtrisée par la finance, ou qu’elle soit destinée à préparer l’avenir et donc maîtrisée par la collectivité ? De la réponse à cette question dépend la transition écologique et sociale.

Est-ce à dire que n’importe quel déficit public est acceptable ? Non, une règle simple pourrait être admise, aux antipodes de celle imposée par le TSCG : les investissements collectifs d’avenir ne sont pas comptés comme dépenses courantes. La condition de réussite d’une telle démarche est que les mauvaises causes de l’aggravation des déficits publics soient éliminées (...)