
Conférence de presse ce matin par la Commission nationale du débat public (CNDP), pour clore la « conférence de citoyens » lancée voici quelques semaines.
Ultime avatar d’un débat qui devait s’emparer du pays sur le devenir des ‘pires’ déchets du nucléaire, cet exercice montrera-t-il combien l’enfouissement programmé des déchets nucléaires n’est pas une solution mais simplement un pari sur l’avenir, ou bien la peur de ces poisons tétanisera-t-elle le panel des citoyens au point de d’accepter que ces patates chaudes s’éloignent hors de la vue ?
Coup de théâtre ce samedi où le panel, la journée durant, avait demandé à entendre un certain nombre d’acteurs concernés. Si le CEDRA, La Q.V., le groupe de réflexion sur les enjeux éthiques, et d’autres, ont pu faire entendre des arguments largement occultés par les ‘institutionnels’, il est une intervention qui frappa les esprits au point que le quotidien régional L’Est Républicain, présent samedi, en fait ce matin sa conclusion majeure. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), évaluateur/surveillant en chef des travaux de l’ANDRA à Bure avoua que les échéances n’étaient pas tenables. Et le représentant de l’ANDRA allait acquiescer ensuite ! Voilà qui donne un fameux crédit, et coup de chapeau, aux citoyens lanceurs d’alerte, eux qui depuis longtemps mettent le doigt sur une suite d’aléas majeurs : une progression inattendue des forages (quelques dizaines de cm/jour sur les deux mètres escomptés), le gel du chantier de Bure pendant près d’un an (suite à un accident mortel révélateur), l’arrivée d’eaux fantômes (le sous-sol étant annoncé sec par l’Andra), des tares largement dénoncées (failles, sismicité, géothermie, etc). Le calendrier n’est pas tenable ! Une claque magistrale pour l’Andra et ses évaluateurs (Irsn, Asn, Cne, Opecst, Ocde…), ces « responsables » qui jusqu’à présent affirmaient, droit dans les yeux, que tout était parfaitement maîtrisé !
Interpellation des ‘décideurs’ (sommet de l’Etat et élus-législateurs) la semaine dernière par une « lettre ouverte » du CEDRA : « Comme les déchets du nucléaire : évitez le gouffre ! » Que va dire la commission du débat public du coup de poignard que vient de lui planter dans le dos l’Etat en glissant l’enfouissement dans le projet de loi « transition énergétique », bien avant - donc - les conclusions du débat, et alors que CNDP et CPDP s’étaient escrimées à assurer que le débat servirait à éclairer les décisions. A étrangler un peu plus la crédibilité déjà moribonde envers le politique et notre système ‘démocratique’ (cf sondage Sofres), voilà qui ne va pas rabibocher les citoyens avec leurs autoproclamés « représentants ».