
Me voici donc, sac à dos, au sortir de la gare de Nantes. Il pleut doucement. A l’arrêt du tramway, un jeune homme cheveux longs boit une bière en prenant son temps, l’agenda de l’après-midi ne semble pas trop chargé. Il indique le chemin, observe qu’avant, la place du Commerce s’appelait place de la Bourse, donne du papier à cigarettes à un passant qui lui demande, indique qu’il a beaucoup plu les derniers jours – mais voilà le tram qui arrive.
Après changement au Commerce, ex Bourse, je me dirige vers le terminal d’Orvault, observant un avion qui passe au-dessus de la ville, un coin de ciel bleu entre les nuages, les passagers tête penchée, presque tous absorbés par leur écran de téléphone. Des panneaux dans la ville annoncent « Happy green year », ce qui signale aux voyageurs anglophones qu’en leur souhaitant une heureuse et verte année, la ville de Nantes a reçu un label de ville verte par la Commission européenne, apparemment ignorante de l’affaire de l’aéroport de Notre Dame des Landes.
A Orvault, je retrouve Elisabeth, qui est gentiment venue me chercher depuis la Zone, située à quinze kilomètres au nord. Elisabeth et Paul vivent aux Fosses noires depuis 1989. Leur maison est expulsable, et ils sont parmi les opposants les plus farouches au projet d’aéroport. Elle est sage-femme, il est régisseur de théâtre, après avoir été paysan (...)