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Ouest-France
Dans le Nord, une antenne d’Emmaüs visée par une enquête pour « traite d’êtres humains »
#Emmaüs #esclavage
Article mis en ligne le 4 août 2023
dernière modification le 3 août 2023

Les compagnons d’Emmaüs de la Halte Saint Jean à Saint André-lez-Lille (Nord) sont en grève depuis début juillet. Ils demandent un traitement digne et des perspectives de régularisation.

Une antenne locale nordiste d’Emmaüs, où des compagnons en situation irrégulière sont en grève et s’estiment exploités, est visée par une enquête pour « traite d’êtres humains » et « travail dissimulé », a indiqué ce vendredi 14 juillet 2023 le parquet de Lille, Emmaüs France annonçant le lancement d’un « audit ». Cette enquête préliminaire a été ouverte en mai et confiée à la BMRZ (brigade mobile de recherche zonale) et l’OCLTI (l’Office central de lutte contre le travail illégal), a précisé le parquet de Lille à l’AFP, confirmant une information de Street Press .

« Nous allons lancer un audit externe dans les plus brefs délais », a indiqué l’organisation caritative dans un communiqué jeudi, ajoutant que « les faits évoqués, dont nous n’avions pas connaissance, sont particulièrement graves et choquants, s’ils sont avérés ». Emmaüs France a également demandé aux responsables locaux d’Emmaüs de mettre « en retrait » la directrice de la communauté concernée, Anne Saingier, également présidente Emmaüs Nord-Pas-de-Calais/Picardie, afin de « garantir tant la protection des personnes accueillies que celle de cette dernière, actuellement au centre de tensions grandissantes ».

« Ils nous traitent ici comme des cochons »

Des compagnons de la communauté Emmaüs de la Halte Saint-Jean à Saint-André-lez-Lille (Nord) sont en grève illimitée depuis début juillet pour demander un traitement digne et des perspectives de régularisation. Les grévistes, tous en situation irrégulière, sont hébergés depuis plusieurs mois à plusieurs années dans cette communauté, et indiquent avoir travaillé dans des conditions difficiles, avec l’espoir d’être régularisés après trois ans de travail. (...)

« Récemment lors d’une réunion, Anne Saingier nous a dit qu’il n’était plus sûr de bénéficier d’une régulation au bout de trois ans […] qu’on peut faire cinq voire dix ans. C’est là que les gens ont commencé à se réveiller », poursuit un autre compagnon, originaire du Congo-Brazzaville. (...)

Les membres des communautés ne sont pas des « employés ou salariés », mais des « travailleurs solidaires », qui sont « nourris, logés et perçoivent une allocation mensuelle », souligne Emmaüs France dans son communiqué. Ceux qui y vivent depuis « au moins trois ans peuvent se voir délivrer une carte de séjour temporaire », ajoute l’association, mais si les communautés « appuient » ces demandes, « la décision revient aux préfets ».