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Reporterre
Dans le Nord, la forêt de Mormal est menacée par l’industrialisation
Article mis en ligne le 18 mai 2016
dernière modification le 16 mai 2016

Soupçons d’exploitation intensive du bois par l’ONF, inquiétudes pour un projet de forage des eaux profondes, rôle détourné par les élus du parc naturel régional de l’Avesnois… Depuis mars, un comité de défense de la forêt domaniale de Mormal, dans le Nord, a vu le jour.

Avec plus de 9.100 hectares, la forêt domaniale de Mormal, dans l’Avesnois, est la plus grande du département du Nord. En son centre, le village de Locquignol compte moins de 400 habitants mais, grâce à la forêt, il figure parmi les communes les plus étendues de la région. En mars, un comité de défense y a vu le jour : Mormal forêt agir. Il réunit défenseurs de l’environnement, familiers du massif, photographes, naturalistes, militants divers… Tous s’interrogent sur les activités de l’Office national des forêts (ONF), qui gère la forêt et tire ses recettes des droits de chasse et de la vente des bois. Ce qu’ils observent aujourd’hui ressemble de plus en plus à de l’exploitation intensive du bois.

Lors des réunions préparatoires à la création du comité, des signes inquiétants ont été passés en revue : coupes rases ; dégâts et ornières provoqués par les engins ; gros tas de grumes sur les bas côtés (promis, pour certains, à faire le voyage en conteneurs jusqu’en Chine, via des négociants et le port d’Anvers) ; présence de travailleurs détachés à la tronçonneuse active.
« Une gestion durable et soutenable du patrimoine, en bon père de famille »

Parmi les initiateurs de Mormal forêt agir, dont il est le président d’honneur, figure Jean-Claude Bonnin, maire de Locquignol depuis 1983 (...)

Sur le cas de la forêt de Mormal, un responsable syndical CGT de l’ONF, affirmait, fin mars, que le sacrosaint équilibre entre « production, protection de la biodiversité et accueil du public », toujours affiché par l’ONF, n’était plus respecté. Priorité est clairement donnée à la production : intensification des « récoltes », replantation d’essences à croissance plus rapide, « sécurisation des filières ». Au passage, il insiste sur la désapprobation syndicale générale du contrat d’objectifs et de performance signé entre l’ONF et l’État pour 2016-2020.

Le directeur régional de l’ONF, Bertrand Wimmers, interrogé par Reporterre, n’a jamais caché la destination économique de la forêt de Mormal. Au point d’ailleurs de donner à penser, dans les réunions publiques, que les activités « de loisirs » n’y étaient que tolérées (...)

Tracts, affichages, réunions, échanges sur les réseaux sociaux se multiplient pour alerter la population locale sur ces discours officiels qui relativisent la réalité des projets. (...)

Dans l’association, d’autres voix se font entendre. Celle, par exemple, du collectif Houille-Ouille-Ouille, qui explique que la forêt serait menacée par un permis de recherche du gaz de couche accordé à une société étrangère. Une information qui pourrait inquiéter aussi les opérateurs de l’eau.

L’un des soucis de l’association sera d’accueillir dans ses rangs des professionnels compétents capables de faire parler les silences de la communication officielle et de décrypter les rapports techniques réservés aux spécialistes.